Covid-19 & Cantines scolaires | Porte d’entrée qui favorise l’éducation sur l’hygiène à l’école

Depuis le premier jour de la réouverture des classes pour l’année académique 2021-2022, les cantines scolaires ont repris. Les premiers repas sont effectifs et manger un repas chaud à l’école redevient une réalité pour plus de 650,000 enfants au Bénin. Mais dans un contexte où la pandémie de la Covid-19 est toujours d’actualité, offrir un repas chaud n’est plus la seule mission d’une cantine. Elle est devenue une porte d’entrée pour le renforcement des règles d’hygiène contre la Covid-19. Reportage à l’Ecole primaire publique de Lago dans la commune de Dangbo, département de l’Ouémé.

Un groupe de jeunes filles se lavent les mains à l’Epp Lago. Photo: Bismarck Sossa

L’école primaire publique de Lago à Dangbo était relativement calme lorsque nous rencontrons Dorcas, une petite fille de 9 ans en classe de CM1. Il sonnait un peu plus de 10 heures de la matinée et la petite fille attendait son tour pour se servir du dispositif de lavage des mains placé devant sa classe. Elle devrait accomplir son devoir de lavage des mains devenu un exercice systématique en période de Covid-19. Avec ses camarades de classe, Mirenda, Joseph, Salomon, Junior, Rosine…chacun a eu son tour de lavage des mains. Il a fallut demander à Dorcas « Pourquoi tu t’es lavé les mains ? » pour que toute la bande vienne en appui, chacun essayant de  justifier son geste au niveau du dispositif de lavage.

Dans ce club de discussion spontanément créé, chacun voulait justifier son geste. Nul n’ignore comment les enfants réagissent quand un sujet attise leurs intérêts. Tout le monde avait quelque chose à dire…D’un écolier à un autre, les réactions s’enchaînaient…« Je me lave les mains pour éviter les maladies » ;  « Je me lave les mains à cause des microbes » ; « …à cause de coronavirus » ; « Quand je vais aux toilettes, avant de manger, je me lave les mains » ; « Je me lave les mains pour me protéger du coronavirus » ; « Je me lave les mains pour ne pas attraper les maux de ventre » ; « On lave les mains avant de manger » ; « Quand on lave les mains, on ne tombe pas malade » ; « Il faut laver aussi les tenues, se brosser les dents et se laver proprement ».

Cela aurait pu faire une classe sur les questions d’hygiène ! Après tout, c’est de cela qu’il s’agit. Appréhender comment les enfants ont pris conscience du pourquoi le lavage des mains est un geste obligatoire et comment cela s’est ancré dans leur conscience collective comme moyen pour éviter toutes sortes de contaminations…dont la Covid-19. « La première disposition en matière d’hygiène est le lavage systématique des mains et cela se fait tous les matins avant d’aller en classe et rigoureusement avant la prise du déjeuner et après » confie Grâce Hountonnagnon, institutrice des cours élémentaires 1 et 2 de l’Epp Lago.

De jeunes garçons s’entraident à un point de lavage des mains. Un exercice systématique contre la Covid-19. Photo: Bismarck Sossa

Les enfants dans leurs élans enfantins peuvent échapper au lavage systématique des mains à la maison. L’école n’offre pas beaucoup de choix. « Il y a des dispositifs qui sont placés même devant les latrines et les enfants savent désormais qu’après les toilettes, ils doivent systématiquement laver les mains. On insiste aussi sur l’hygiène vestimentaire et corporelle à la maison avant de venir à l’école » explique Grâce Hountonnagnon.

A l’Epp Lago, il existe une sorte de comité de santé dédié à la surveillance par les pairs. Dans chaque classe, il existe un comité de veille sanitaire dirigé par une équipe de trois élèves qui rendent compte des manquements liés à l’hygiène à l’instituteur ou à la directrice. « Il y a celui qui surveille l’hygiène vestimentaire, un autre qui surveille l’hygiène corporelle et un autre pour surveiller le lavage des mains de son camarade du retour des toilettes » raconte l’institutrice Grâce concluant que « L’alimentation saine et l’hygiène sont liées pour procurer la santé aux élèves. Quand les enfants sont en bonne santé, nous avons du zèle pour le travail ».

L’idée que les enfants doivent manger un repas à l’école grâce au programme des cantines scolaires implique derrière une série de mesures d’hygiène nécessaires pour offrir aux bénéficiaires une alimentation saine indemne de tout risque de contamination. Chaque acteur impliqué dans la relation cantine – école à un rôle à jouer pour renforcer l’hygiène en milieu scolaire et à la cantine. Dans le lot, les mamans cuisinières ont une part de responsabilité non négligeable.

« …nous sommes conscientes de l’importance de la propreté dans ce que nous faisons à la cuisine »

« Nous même, nous sommes conscientes de l’importance de la propreté dans ce que nous faisons à la cuisine »  témoigne Célestine Sodjinou, la responsable des femmes cuisinières de l’Epp Lago. Mère de famille à la tête d’une équipe de six femmes en charge de la préparation des repas pour la cantine, elle semble appréhender son rôle et celui de son équipe dans le respect des mesures d’hygiène liées à leur activité au niveau de la cuisine. « C’est pourquoi nous même en tant que cuisinière, nous sommes propres depuis chez nous avant de venir à l’école préparer pour nos enfants. Notre corps, nos vêtements, notre tablier doivent être propre » justifie Célestine.

Célestine Sodjinou et sa collègue à la cuisine. L’usage d’un tablier, des bavettes et d’une protection pour les cheveux est exigé à la cuisine. Photo: Bismarck Sossa

Les cuisinières ont « une tenue dédiée à la cuisine qui doit être propre, le cadre de la cuisine est contrôlé rigoureusement par le personnel de l’école. Elles sont bien outillées et savent ce qu’elles doivent faire et ce qu’elles ne doivent pas faire » partage l’institutrice Grâce Hountonnagnon. Selon ses propos, l’école est exigeante envers les cuisinières sur les aspects liés à l’hygiène vestimentaire, corporelle et le cadre de travail.

Je conseille à toutes les femmes qui préparent à la cuisine d’être propres. Que cela soit à l’école ou à la maison. Si nous ne sommes pas propres dans nos maisons, les gens diront…elle n’est pas propre chez elle et c’est elle qui va cuisiner pour nos enfants…C’est pourquoi nous même en tant que cuisinière, nous sommes propres depuis chez nous avant de venir à l’école préparer pour nos enfants



Célestine Sodjinou, responsable des cuisinières de l’Epp Lago.

Cantine scolaire et les exigences en matière d’hygiène vis-à-vis des écoles

L’Epp Lago est l’une des 10 écoles sous la responsabilité de Jef Vanvanhossou, médiateur cantine scolaire dans la commune de Dangbo. Jef est le genre d’usager de l’école qui s’assure que tout se fait à la cantine scolaire dans les règles pour garantir une alimentation saine aux enfants. Pour lui, « l’hygiène fait partir des principes du cahier des charges des médiateurs ». Autrement, en amont, le Programme alimentaire mondial (Pam) en charge de la mise en œuvre du programme des cantines scolaires a fait des questions d’hygiène, une priorité. A en croire le médiateur Jef, « l’hygiène autour des cantines se base sur la règle des 5M ». C’est-à-dire le Milieu, le Matériel, la Méthode, la Main d’œuvre et la Matière première.

Dans la pratique, ce concept de 5M implique que :

  • L’environnement de l’école doit être propre, sarclé et rendu sain car l’environnement peut être un contaminant
  • La propreté du magasin de conservation des vivres est primordiale pour empêcher l’altération des vivres et leur qualité. Ainsi les vivres sont bien entretenus et conserver pour passer à la cuisine
  • L’alentour de la cuisine soit désherbé et balayer régulièrement. L’intérieur est nettoyé par les mamans cuisinières qui s’occupent de la préparation
  • La cuisine doit avoir une sorte murette d’un mètre de hauteur au moins pour éviter les soulèvements de poussière occasionnés par le vent. Une étagère surélevée pour éviter que les ustensiles soient déposés au sol.
  • La cuisine soit cimentée ou tout au moins non sableuse.
  • Les cuisinières doivent disposer de tabliers, de coiffes et surtout de cache-nez pour éviter la contamination des repas par la sueur ou les cheveux
  • L’usage de l’eau et du savon pour la propreté du matériel de cuisine et des mains des cuisinières est primordiale dans le processus de préparation des repas
  • La restauration des élèves se passe avec des bols à couverts propres et les enfants se lavent les mains avec les dispositifs disposés devant chaque classe avant à la consommation des repas
La disponibilité de l’eau au sein de l’Epp Lago est une opportunité inestimable pour le lavage régulier des mains chez les enfants et les activités de la cantine

Que cela soit à l’Epp Lago ou ailleurs, chaque médiateur comme Jef Vanvanhossou devrait avoir un œil sur l’application de ces règles d’hygiène dans toutes les écoles. C’est la condition pour s’assurer que les efforts quotidiens que déploient les acteurs impliqués dans le fonctionnement des cantines scolaires à la base ne soient annihilés par des faiblesses liées aux règles d’hygiène. 

Depuis que la pandémie du coronavirus est devenue une réalité dans le quotidien des communautés, la présence des cantines scolaires dans les écoles a offert une porte d’entrée pour accentuer l’éducation autour des questions d’hygiène en milieu scolaire. Avec la cantine, il ne s’agit plus seulement de nourrir les enfants mais faire d’elle un outil de promotion de l’hygiène sous toutes ses formes.

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