PNASI – Le Programme alimentaire mondial prépare l’extension des cantines scolaires à 75%

Dès avril, le Programme alimentaire mondial (Pam) amorcera l’extension des cantines scolaires à 75% telle que projetée par le gouvernement du Bénin. L’augmentation du  nombre d’écoles primaires publiques bénéficiaires de cette initiative touchera près de 6000 écoles avec un impact direct sur plus de 900,000 enfants. En visite conjointe dans le Nord-Bénin avec d’autres agences du Système des Nations-Unies (SNU), le Représentant Résident du Pam a confié que les préparatifs se passent très bien avec les nouvelles communautés prêtes à recevoir le programme des cantines scolaires. Nous vous proposons un extrait

Guy Mesmin Adoua, Représentant Résident du Programme alimentaire mondial au Bénin. Photo: Jonas H.

L’extension du programme des cantines scolaires passe de 52% à 75%. Comment le Programme alimentaire mondial prépare cette extension ?

Adoua : Le programme a commencé depuis 2017 et au fil des années on a beaucoup appris dans la gestion des cantines scolaires dans un contexte comme celui que nous vivons ici. Nous devons tirer profit de cette expérience pour pouvoir attaquer la phase d’extension. Nous avons des équipes bien rodées. Actuellement nous avons près de 80 personnes sur le terrain entrain de passer, sensibiliser, préparer les communautés, préparer les infrastructures, regarder avec les cuisinières, mettre en place les comités de gestion…C’est cette expérience que nous avons acquise qui nous amène à anticiper et à mieux nous préparer. Pour nous, je pense les choses se passent très bien et moi j’ai eu le retour de plusieurs départements. Les infrastructures sont presque prêtes, beaucoup de choses sont déjà installées. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier les communautés qui se sont organisées. J’ai été impressionné de voir les taux de 90, 95% de communautés déjà prêtes. D’autres ont commencé à mettre même leurs moyens avant même de voir les enfants au repas. Je pense que c’est un bon résultat. Avec cela, je suis très optimiste. Je pense qu’on va y arriver et surtout qu’on travaille avec la communauté. Le secret c’est, ne pas venir imposer à la communauté mais faire avec la communauté. Accepter aussi que la communauté vienne avec des idées et c’est de cette manière que cette communauté pourra s’impliquer. C’est l’expérience que nous sommes entrain de tester et cela marche très bien.

Les cantines scolaires comme moyen de lutte contre la faim. Rappelez nous les actions du Pam en matière de sécurité alimentaire au Bénin.

Adoua : A travers les cantines scolaires, pour nous c’est une porte d’entrée pour le développement des communautés. Le programme projette même d’acheter autour de 40,000 tonnes de vivres par année pour  faire fonctionner les cantines scolaires. Si les 40,000 tonnes étaient achetés localement, cela donnerait des moyens aux femmes, aux jeunes de produire. Quelque part cela contribue à l’autonomisation de ces groupes vulnérables. De ce fait, ces communautés, ces jeunes, ces femmes vont produire, bénéficier aussi de renforcement des capacités par le Pam et arriver à produire des aliments qui soient compétitifs sur le marché. La qualité, la quantité. Ici par exemple, on produit du fonio. Si on commence à encourager la culture du fonio pour les cantines scolaires, on contribue d’une façon ou d’une autre à la sécurité alimentaire. Vous savez la sécurité alimentaire ce n’est pas seulement le manque de vivres, c’est aussi comment utiliser ce qui est disponible. Pour nous, à travers déjà les cantines scolaires, nous sommes entrain de contribuer au renforcement de la résilience des communautés qui vont produire, qui vont vendre et avec l’argent faire face à d’autres besoins. C’est cela la sécurité alimentaire. Nous avons une opportunité, c’est les cantines scolaires.

Cette opportunité est possible pour toutes les communes du Bénin ?

L’avantage c’est que les cantines scolaires sont dans toutes les 77 communes. Il n’y a pas une seule commune où on ne trouve pas les cantines scolaires. Si on commençait par acheter localement, il n’y aura pas une commune où il n’aura pas un groupe de gens entrain de tirer profit de la vente de vivres au Pam pour les cantines scolaires. C’est ça la contribution à la sécurité alimentaire et c’est un bon point de démarrage. Nous voulons que le Bénin à travers les cantines scolaires soit un exemple, un modèle qui va permettre aux autres pays aussi de venir voir et s’inspirer pour avancer les choses. C’est vraiment un programme à la fois pour l’éducation, pour la santé mais aussi surtout pour la protection sociale parce que cela prend en compte plusieurs couches au-delà des enfants. Cela prend aussi en compte les communautés tout autour. Si nous avons des jeunes qui ne font rien mais qui s’organisent à travers les coopératives pour produire les vivres qui vont être rachetés par le Pam, c’est une opportunité. Nous devons tirer profit de cela.

100% des vivres sont-ils des produits locaux ?

Adoua : Non ! On est entrain d’avancer progressivement. Quand vous avez des difficultés de réunir les vivres à une certaine période, la répercussion c’est qu’il va avoir des ruptures dans les écoles. Nous devons avoir des plans B. On sait que prioritairement on doit acheter localement. Il faut s’assurer de la disponibilité mais aussi de la qualité. Cela peut prendre du temps aussi. Nous avons un plan B pour ne pas que cela traine. Quand la machine va fonctionner, l’objectif sera de passer à 100% parce que le Bénin produit tout. Sauf peut être le sel mais je pense que des coopératives de femmes ont commencé à travailler progressivement. Nous voulons acheter l’huile localement et puis nous voulons aussi diversifier le panier alimentaire…C’est un moyen de valoriser ce qui est produit localement. Il faut travailler pour s’assurer qu’on a un panier qui offre aux enfants une ration qui répond bien à la qualité. Quand je parle de qualité, je vois tous les apports nutritifs. C’est tout ces éléments qui doivent être pris en compte pour bâtir un modèle de cantine scolaire qui serait donc fondé et basé sur le contexte, les réalités et les disponibilités alimentaires au niveau du Bénin.

Les défis à relever sur le parcours ?

Adoua : Le premier défi, le principal, c’est la question de l’eau. Je sais que le gouvernement est entrain de beaucoup travailler. J’ai suivi une émission où ceux qui s’occupent des questions d’eau sont entrain de passer dans les écoles à cantine. Aujourd’hui, l’hygiène passe par l’eau, les femmes cuisinent avec de l’eau, lavent les assiettes avec de l’eau, les enfants se lavent les mains avec de l’eau même les jardins autour des écoles, il faut de l’eau parce que c’est la question principale. Les cantines vont vite ! En quatre ans on est entrain d’arriver à 75%. Peut être l’année prochaine on arrivera à 100%. Malheureusement l’eau ne suit pas. C’est vrai que c’est des réalités. En entendant que l’eau arrive, il faut qu’on trouve des moyens parce que les cantines ne vont pas attendre pour que l’eau puisse arriver. Les cantines doivent fonctionner et donc nous devons aussi travailler pour des solutions intermédiaires. La deuxième question, nous devons travailler aussi pour que la nourriture produite localement soit disponible. Nous avons essayé, il faut encore beaucoup travailler parce qu’il faut travailler aussi sur la qualité pour que les enfants qui vont consommer ces vivres se retrouvent. Nous, on veut améliorer leur retard nutritionnel. Nous sommes en discussion avec le ministère de l’agriculture pour voir comment renforcer les capacités surtout au niveau des petits producteurs pour qu’à leur niveau aussi ils produisent en quantité et en qualité de façon suffisante pour que nous achetons auprès d’eux et amenons au niveau des écoles.

Et les communautés ?

Adoua : Les communautés aussi c’est une question sur laquelle il faut beaucoup travailler, sensibiliser. Là où les communautés sont impliquées, le programme fonctionne. Cela réduit même les cas de cambriolage. Je pense qu’il y a un lien entre l’implication et l’adhésion des communautés et les cas de cambriolage. Là où les communautés ne sont presque pas actives, on sent que c’est là qu’il y a des cas de cambriolage. Là où les communautés sont debout les vivres ne sont pas stockés dans les écoles parce qu’un chef de village ou quelqu’un d’autre pense que chez lui il y a la sécurité. Avec la confiance des autres, on va vers lui pour lui donner un peu des notions sur comment gérer les vivres. Le message c’est que les vivres sont pour nos enfants, c’est pour leur bien. Voler ce qui est destiné aux enfants c’est plus qu’un crime. Nous devons éviter cela.

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