Cantine scolaire| Guy Adoua : "L’objectif, C’est de s’assurer que le 17 septembre, à la prochaine rentrée, que les enfants trouvent la nourriture sur place"
Cotonou a accueilli du 26 au 27 juillet l’atelier bilan de la première année de mise en œuvre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) au Bénin. En marge aux travaux, le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (Pam/Bénin) Guy Adoua s’est confié aux journalistes sur les acquis, difficultés, perspectives avec les communautés…Retour sur cette interview collaborative avec votre site Web mamabenin.
Mamabenin : Monsieur Guy Adoua bonjour !
Guy Adoua : Bonjour chers journalistes !
Vous êtes le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial au Bénin, que peut-on retenir de la première année de mise en œuvre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) en termes d’acquis ?
Merci ! Il faut dire que l’objectif du PNASI pour la première année était que, dès la rentrée scolaire, que les enfants trouvent la nourriture à l’école et qu’ils soient en train de manger. Et cet objectif a été atteint dès le premier jour en ce sens que le Pam s’est organisé, s’est mobilisé à ce que la nourriture soit acquise, qu’elle soit transportée et délivrée au niveau des écoles, que les cuisines soient fonctionnelles et que les enfants soient en train de manger. Je voudrais juste vous dire que la mise en œuvre d’un programme d’alimentation scolaire est assez complexe en ce sens qu’il faut s’assurer qu’il y d’abord des vivres de bonne qualité et la capacité qu’il faut. Il faut des transporteurs, il faut des magasins, il faut des cuisiniers, il faut toutes les structures au niveau des écoles et donc en termes d’acquis je dirai que, le fait que le Pam ait pu organiser toutes ces activités et qu’aujourd’hui à travers le pays on a des magasins, on a des partenaires qui sont sur le terrain, on a des comités de gestion, on a le système de suivi-évaluation en place, pour moi, c’est déjà un acquit parce que pour couvrir près de 1600 écoles en une année et arriver à ce niveau, cela demande beaucoup de travail. Pour nous, le fait déjà d’avoir réussi toutes ces étapes et rendu le programme fonctionnel est un acquis qu’il faut noter.
Avez-vous rencontré des difficultés dans la mise en œuvre de ce programme ?
Les difficultés ne manquent pas ! Accéder à toutes les écoles n’est pas facile. Il faut traverser des cours d’eau, il faut aller sur des collines et cela a été une grosse difficulté parce que j’ai eu à discuter avec les transporteurs et on a pu comprendre que ce n’était pas si facile que cela. Mais avec le temps, ils ont commencé par s’organiser et on a commencé par trouver les vivres dans les écoles dans le délai. L’autre difficulté, c’est au niveau des écoles. C’est la première année et il faut former les gens à tout ce qui est comment entreposer les vivres dans les magasins, comment maintenir tout le système d’hygiène au niveau des écoles. Là aussi des formations ont été données et au fil du temps les choses ont commencé par s’améliorer. Je dirai aussi le problème d’approvisionnement en eau. Il y a beaucoup d’école qui ne disposent pas de source d’eau. Cela a été très difficile au départ et vous convenez avec moi que quand on n’a pas d’eau, ou quand on n’a pas de l’eau propre, le programme peut arriver à un autre objectif qui n’est pas celui qui est attendu. Si l’eau n’est pas une eau saine cela peut occasionner des maladies. On a du même faire recours au service des sapeurs-pompiers. Je salue vraiment leur bravoure et leur coopération car ça a permis dans certaines écoles, là où la situation est assez critique, nous avons commencé à approvisionner en eau. Il faut aussi noter le fait que pendant des mois l’école n’a pas fonctionné du fait des grèves. Cela nous a causé un petit problème. Le fait d’amener les vivres dans les écoles (si entre temps l’école ne fonctionne pas) il faut assurer la sécurité de ces vivres mais aussi assurer l’état, la qualité, l’hygiène de ces vivres. Tout cela nous à demander un peu plus de travail pour pouvoir s’assurer que les vivres ont gardé leur état et n’ont pas été pillés ici et là.
Nous avons 1600 écoles supplémentaires qui doivent bénéficier du PNASI. Est-ce que cela sera effectif dès la rentrée prochaine ?
Aujourd’hui nous avons tous les moyens ! Le Pam est en train de mettre toutes ses équipes en place pour pouvoir faire la reconnaissance d’abord de ces écoles, commencer à discuter et s’assurer qu’il aura un comité de gestion qui sera mis en place, regarder les points et les questions liées à l’approvisionnement des vivres dans ces écoles, s’organiser avec les autorités au niveau décentralisé et s’assurer que la communauté est mobilisée. Pour nous, il n’y aura pas de vacances. C’est quand les écoles seront fermées d’ici là que notre travail va commencer. L’objectif, c’est de s’assurer que le 17 septembre à la prochaine rentrée que les enfants trouvent la nourriture sur place. On va s’y mettre ! Ça va paraître un peu difficile mais c’est ça aussi le travail du Pam. Essayer de travailler dans des conditions d’urgence. Le fait de faire manger les enfants, de les maintenir à l’école, pour nous c’est une urgence.
Quelle appréciation faites-vous de la participation des communautés au programme ?
Il faut l’avouer, cela a été un peu timide au début. Un bon programme, c’est celui qui est conçu avec la participation des communautés pour qu’elles comprennent leurs rôles. Le Pam s’est arrangé à faire comprendre les rôles de chaque communauté. Moi j’ai fais des tournés sur le terrain, j’ai vu l’implication de la communauté, j’ai vu des initiatives prises par les communautés. Elles ont compris et nous pensons que ce travail de sensibilisation doit continuer et nous en tant que Pam nous allons tirer les leçons. Nous allons utiliser les communautés qui ont bien travaillé pour pouvoir sensibiliser d’autres communautés. Voyez-vous ? Quand ça passe de communauté en communauté le message passe très bien. Nous avons identifié pas mal de communautés qui ont bien travaillé ; nous allons les utiliser pour passer le message à d’autres communautés.
Propos recueillis par Bismarck Sossa.