Projet Recoba | Ce qu’il faut comprendre de l’assistance en cash des populations vulnérables à Malanville

Depuis quelques jours, le Programme alimentaire mondial (Pam) avec son partenaire la Coopération Suisse, mettent en œuvre la suite du projet Résilience Covid-19 Borgou Alibori (Recoba). L’initiative vise à apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables de Malanville et Karimama affectées par la double crise des inondations de 2020 et de la pandémie de la Covid-19. A bâton rompu, Elom Pedanou, coordonnateur du projet au niveau du Pam détaille la compréhension qu’il faut avoir de l’initiative Recoba de l’assistance sous forme de transfert d’argent en cours à Malanville.

Elom Pedanou, Coordonnateur du projet RECOBA. Photo : Jonas H.

Mamabenin : Quelques mois après la distribution générale de vivres, vous êtes de nouveau en contact des bénéficiaires du projet Récoba, cette fois-ci c’est pour quoi exactement ?

Elom Pedanou : Effectivement, le Pam avec l’appui de la Coopération Suisse a initié une assistance aux populations de Karimama et Malanville victimes des inondations de 2020 et des effets des mesures prises par rapport à la Covid. Comme vous l’avez rappelé, en juin passé, nous avons fait une distribution générale de vivres pour près de 3.000 ménages dans les communes de Karimama et Malanville et aujourd’hui, nous somme présent pour toujours accompagner ces ménages avec une distribution de cash. C’est-à-dire leur donner de l’argent pour pouvoir leur permettre aussi d’acheter des vivres pour assurer l’alimentation dans leur ménage, surtout une assistance nutritionnelle. C’est-à-dire, un cash qui leur permettra de faire de la bouillie enrichie, c’est-à-dire acheter les céréales et tous les nécessaires pour préparer de la bouillie enrichie pour les enfants de 0 à 2 ans. Déjà que nous savons que dans notre pays, les questions de malnutrition sont importantes et surtout le retard de croissance. Donc c’est encore pour apporter cet appui à cette communauté déjà vulnérable que le Pam avec l’appui de la Coopération Suisse ont effectué cette activité de distribution de transfert de cash dans les communes de Karimama et de Malanville.

Pourquoi une distribution directe de vivres à certaines communautés et le cash à d’autres comme le cas de l’arrondissement de Guéné ?

Elom Pedanou : Le Pam avant de décider d’aborder avec une stratégie fait des recherches et des études. Et nous avons évalué la fonctionnalité des marchés de la commune de Karimama et de Malanville. Nous nous sommes rendu compte que dans la plupart des marchés à Karimama et aussi dans certains arrondissements de Malanville, la disponibilité des vivres était limite. Et c’est pour cela, dans ces arrondissements, nous avons favorisé une distribution de vivres directement au profit de ces ménages. Contrairement à l’arrondissement de Guéné où nous avons un marché fonctionnel, suite à l’analyse qui a été faite, nous nous sommes dit que ce serait mieux de mettre le cash équivalent à la quantité de ressource de vivres qu’ils devraient avoir, et ces ménages, pourront à leur guise aller au marché et prendre les produits de première nécessité dont ils ont besoin. Comme vous l’aurez constaté, l’approche du cash donne cette flexibilité au ménage de pouvoir lui-même faire le choix de ces produits dont la consommation lui apporterait un plus grand bénéfice. Après cette étude, seul l’arrondissement de Guéné est éligible au transfert de cash. C’est pour cela que lors de la distribution des vivres, Guéné n’était pas impliqué mais nous avons appuyé Guéné au travers, de cette distribution de cash pour déjà 1.000 ménages. Donc ces 1.000 ménages s’ajoutent aux 3.000 ménages qui avaient déjà reçu des vivres il y a quelques mois dans les communes de Karimama et Malanville.

Un ménage peut-il bénéficier à la fois de l’appui alimentaire et nutritionnel ?

Elom Pedanou : Les critères ont été mis pour chacune des actions qui devraient être prises. Donc les ménages vulnérables devraient bénéficier de l’appui alimentaire, et les ménages ayant des enfants de moins de 2 ans d’un appui nutritionnel pour payer les céréales et les ingrédients pour leur permettre de faire de la farine enrichie pour leurs enfants de zéro à deux ans. Et si dans un ménage, ils étaient vulnérables ; c’est à dire bénéficiant de l’appui alimentaire et que de surcroit de ce ménage il y avait des enfants de cette tranche d’âge, pour éviter la malnutrition, nous avons fait un appui spécifique pour cette tranche d’âge vulnérable. Donc effectivement des ménages qui répondent à ces deux critères vont bénéficier des deux types d’appui parce que la finalité de chacun de ces types d’appui n’est pas la même. Le premier, l‘assistance alimentaire c’est pour couvrir les besoins alimentaires de tout le ménage. Mais pour l’assistance nutritionnelle, c’est destinée spécifiquement aux enfants de la tranche de zéro à 23 mois afin qu’on puisse les éviter de tomber dans la malnutrition.

Est-ce que les mamans ont préalablement reçu une éducation nutritionnelle pour la fabrication de la farine enrichie ?

Elom Pedanou : C’est un préalable qui devrait être fait et pour nous assurer que ces mamans ont les compétences requises, le Pam s’est donné sur lui d’assurer le renforcement des capacités de ces mères des enfants de 0 à 23 mois sur la préparation de la farine enrichie. Et cette activité a effectivement eu lieu dans tous les villages avec toutes les mères concernées. Avec l’appui de plusieurs partenaires, cette formation a été faite à toutes les femmes de façon théorique que pratique. Donc les femmes ont eu à mettre la main à la pâte, préparer et goûter en même temps la bouillie enrichie pour voir un l’impact que cela pourrait avoir sur leurs enfants.

Certains bénéficiaires préfèrent lancer une activité génératrice de revenu avec le cash obtenu que d’acheter des vivres avec. Est-ce normal ?

Elom Pedanou : Effectivement, l’assistance avait un but précis pour renforcer le statut alimentaire et nutritionnel du ménage. Mais quand nous allons à l’approche CBT, c’est pour donner cette flexibilité aux ménages d’utiliser les ressources pour les premiers besoins. Donc il arrive que des ménages essayent d’allouer les ressources pour compléter l’alimentation mais aussi essayent de multiplier ces ressources qui sont mises à leur disposition. C’est l’avantage de faire le CBT. Ça donne aux ménages de réfléchir et de voir comment avec cet appui pouvoir se relever fortement. Donc, il se pourrait que des ménages adoptent cela. C’est aussi un gain parce que si l’activité génératrice arrive à fructifier, ça veut dire plus il y aura de revenu dans le ménage, plus ils pourront faire face à leurs besoins sans forcement attendre une aide alimentaire d’une tierce. Donc le CBT réussit réellement dans ces cas et je pense que c’est une bonne initiative. Si des ménages pensent aussi pouvoir le faire, ils pourront le faire tout facilement.

Comment les ménages ont-ils été sélectionnés comme bénéficiaires du projet Recoba ?

Elom Pedanou : Il faut savoir comment ces ménages ont été identifiés. Déjà dans notre pays, il y avait un recensement avec Arch qui a permis d’identifier des ménages vulnérables. Donc nous nous sommes basés d’abord sur un recensement ou sur des données disponibles au plan national. C’est-à-dire nous sommes basés sur un référentiel national pour maintenant appliquer certains d’autres critères de vulnérabilité. Cette base Arch avait déjà donné des grandes lignes, c’est à dire des zones vulnérables. Nous nous sommes aussi basés sur les données de l’Agence nationale de protection civile (ANPC) qui définit certains villages à haut risque d’inondation, à haut risque de crise. Tous ces ménages conjugués, nous avons ajouté maintenant l’approche que nous appelons souvent approche « économie des ménages » qui permet de faire une catégorisation des ménages dans une communauté par niveau de prospérité. Et ce travail est fait au niveau communautaire. Ce sont les communautés elles-mêmes qui définissent comment est-ce que nous nous classons la prospérité et les ménages présents chez nous, à quel niveau nous pouvons les mettre. Toutes ces critères conjugués ont permis alors de définir avec la communauté les bénéficiaires réelles, ceux qui sont très très pauvres ou très très vulnérables, les vulnérables, les moins vulnérables ainsi de suite. Et c’est en fonction de cette échelle que les bénéficiaires ont été identifiés.

Un conseil aux bénéficiaires ?

Elom Pedanou : Je dirais aux bénéficiaires que l’assistance que la Coopération Suisse et le Pam sont en train d’apporter, c’est pour leur donner un support. Un support qui leur permettrait de se relever. Donc ce n’est pas une assistance qui va durer pour toujours, mais c’est pour pouvoir palier un peu à ces différents aléas qui se sont abattus sur eux. Cette aide devrait leur permettre de pouvoir aller de l’avant, de pouvoir trouver un peu les capacités de prévision qu’elles ont pour se relancer suite aux différents aléas qui les a abattus. Donc je les encourage fortement à utiliser, que ce soit ces ressources financières ou en vivres qui ont été données pour réellement en faire un capital de production.

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