Projet Recoba – 04 questions à Guy Adoua après sa tournée à Malanville et Karimama

Les 21 et 22 juin, le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (Pam) au Bénin, Guy Mesmin Adoua a lancé à Malanville et Karimama (Alibori), la distribution générale de vivres aux ménages très pauvres dans le cadre du projet Résilience Covid Borgou et Alibori (Recoba) financé par la Coopération Suisse. A bâton rompu à Goroubéri, il exprime son soulagement et ses espoirs pour les bénéficiaires.

Le Représentant Résident du PAM Guy Adoua à Goroubéri (Karimama) le 22 juin 2021. Photo : Jonas H.
Vous êtes à la fin de deux jours de périple entre Malanville et Karimama au Nord-Bénin pour distribuer des vivres à des ménages pauvres. Quel est votre soulagement à cette étape ?

Guy Adoua : Je suis satisfait. Nous avons pu apporter assistance aux populations affectées par les inondations. A cela, il y a une autre catastrophe qui est la Covid-19. Ces deux catastrophes ont fait que la situation soit difficile à gérer au niveau des ménages notamment les ménages les plus vulnérables. C’est dans ce sens-là que le PAM a, avec l’appui de la Coopération suisse, organisé cette assistance. Elle est ponctuelle mais nous avons voulu qu’elle soit un moyen pour donner aux populations affectées de la force, des conditions de se remettre au travail. Nous savons qu’ils ont perdu ici et là, des plantations, des récoltes, des outils, des moyens de travail, … Avec la période de soudure qui arrive, la situation va être délicate si on n’apportait pas cette assistance. Nous pensons que c’est bien de voir les ménages et j’apprécie aussi l’implication des autorités qui a fait que les ménages qui ont été ciblés sont ceux-là qui sont les plus vulnérables.

Quel est le sens du volet « éducation nutritionnelle » dans une telle assistance ?

Guy Adoua : Vous avez vu aussi ces mamans avec des enfants de 6 à 23 mois qui sont venues apprendre comment on prépare la bouillie enrichie mais surtout la bouillie qui est faite à base de produits locaux le sorgho, le maïs, l’arachide, le Moringa, … L’idée derrière, c’est que ces mamans apprennent à fabriquer seules cette bouillie, qu’elles ne soient pas là à chercher la matière première, elle est déjà disponible. Ma satisfaction sera grande si et seulement si ces mamans arrivaient à mettre en pratique. L’idée ce n’est pas seulement d’apprendre aujourd’hui et abandonner demain mais c’est d’en faire une habitude de la communauté. A partir des produits locaux, elles peuvent fabriquer de la bouillie pour les enfants. Il y a le taux de malnutrition qui est assez élevé mais je pense qu’avec ce qu’on trouve localement, on peut arriver à gérer cette situation.

Comment expliquez-vous le fait que dans des zones qui sont potentiellement pourvoyeuses de nourriture, des enfants soient encore sous ce taux de malnutrition ?

Guy Adoua : La malnutrition, ce n’est pas forcément qu’il n’y a pas de la nourriture. Il y a aussi que les mamans n’ont pas suffisamment de connaissance pour pouvoir gérer la situation. Voilà, pourquoi ici, nous avons parlé d’éducation nutritionnelle. S’il y a quelque chose sur laquelle nous devons insister ici, c’est l’éducation nutritionnelle, démontrer aux mamans que ce n’est pas un miracle, que nous avons tout ce qu’il faut. Nous allons nous y atteler pour que l’éducation nutritionnelle rentre dans leurs pratiques de tous les jours et vous allez voir que sans autres interventions venant d’ailleurs, rien qu’en utilisant le potentiel local ici, on va gérer et résoudre ce problème.

75 jours au moins de vivres que vous leur avez donnés. Quels sont vos espoirs pour ces ménages ?

Guy Adoua : Ce n’est pas pour être vendu ; c’est pour être consommé. Et c’est donné pour les amener à se remettre de ce qu’ils ont vécu et puis se remettre au travail. 75 jours, pour permettre aux gens de s’organiser et de se remettre au travail. Ce qu’il faut craindre c’est de les mettre dans une certaine dépendance qui va les amener à moins travailler. Il faut leur dire : « on vous donne ça le temps que vous êtes en train de vous reconstituer dans ce que vous faites mais pas qu’on vous donne et que vous croisez les bras pour qu’on revienne demain ; cette façon ne marcherait pas ». C’est ça le sens du message que j’ai fait passer. Nous allons repasser et voir quel type de projet et comment ils sont en train de se remettre au travail. C’est ça qui est plus important.

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