Séropositifs mais heureux ! Rencontre avec Antoine et Fèmi du groupement des personnes vivants avec le Vih/Sida « Eyon » à Lokossa

Profitant de la mission de la chargée de nutrition et point focal Vih/sida du Pam/Bénin Yolande Agueh à Comè et Lokossa les (11 et 12 avril), l’équipe de presse dont mamabenin est allée découvrir les réalisations du groupement « Eyon », une association de personnes vivant avec le Vih/Sida à Houin, un village de Lokossa. Ce groupement fait de l’agriculture de subsistance pour assurer les besoins alimentaires de ses membres. Nous avons rencontré le président Antoine et Fèmi dans le domaine agricole exploité par l’association. Reportage

Antoine T président du groupement EYON montre des feuilles de crincrin cultivées par l’association. Photo: Bismarck Sossa

Lorsque Antoine T. nous accueille avec le président de l’association « Miannondékè » (association de personnes vivant avec le Vih/Sida) à leur siège à Houin (village à Lokossa), sa mine ne laissait pas entrevoir un homme au caractère ouvert, débordant d’énergie, plein d’espoir et surtout rempli de passion. Antoine T. est médiateur PVVIH au Centre hospitalier départemental de Lokossa et président du groupement « Eyon ».

Déjà ennuyé par des évènements précédents notre arrivée, Antoine T.  reçoit mi chaud mi froid l’équipe de presse désireux de s’enquérir des activités de son groupement. Un groupement de 14 membres et il était seul ce jour là pour nous recevoir. Cela avait agi sur son humeur car il aurait aimé que nous rencontrions l’ensemble de son groupe. Il exprimait de la peine mais l’équipe de journalistes décide quand même de rester avec lui… Antoine se sent honorer et décide de nous faire visiter leur domaine agricole… C’est ici qu’on découvrit un autre homme !

C’est un homme fort heureux et confiant qui nous conduit à travers des sillons inondés pour rejoindre le bas-fond transformé en domaine agricole. « C’est ici nous cultivons une partie de nos besoins alimentaires » explique-t-il en avançant dans le domaine inondé. « En période de pluie, le bas-fond est inondé et devient inapte à la culture des produits maraîchers. Alors nous dégageons vers un autre site que vous ne  pourriez pas visiter aujourd’hui » se désole Antoine avançant droit dans l’eau vers l’espace d’expérimentation d’une culture de riz, un projet phare qu’il mène avec son groupement.

Une vue du domaine où le groupement envisage la production de riz. Photo: Bismarck Sossa

« Nous avons tenté la culture de riz pour mieux profiter de l’humidité du bas-fond » annonce-t-il les yeux illuminés. « Je suis allé chercher les semences au Togo, nous avons planté pour voir et les résultats sont là ! » explique Antoine tendant des épis de riz à l’équipe. « Sentez ça ! » propose l’homme visiblement amoureux de son projet de riz. En effet, le riz était naturellement parfumé. C’est à cet instant, qu’on comprend que pour Antoine et ses membres, transformer le domaine du bas-fond en domaine de culture de riz est un projet plus qu’important car il en parle avec une grande passion.

D’un point à un autre, nous sommes au milieu d’une exploitation agricole avec des cultures variées qui sert prioritairement à l’alimentation des membres du groupement et accessoirement à la vente pour dégager quelques revenus numéraires. « On exploite le domaine pour l’autonomisation des membres du groupe. C’est-à-dire nous cultivons pour manger. C’est quand il en reste que nous vendons » raconte le président du groupement « Eyon ».  » Nous cultivons du crincrin, du gombo, gboman, fotètè, taro, manioc, maïs ,  haricot, tomate…presque tout pour assurer notre besoin alimentaire » justifie-t-il.

Du mais issus du champs du groupement. Photo: Bismarck Sossa

Bien que le revenu issu de la vente ne soit pas énorme, il sert à constituer un fonds de caisse de solidarité pour venir en aide aux  membres en cas de besoin. Pour exemple raconte le médiateur, « une femme enceinte du groupe manquait de 5200 F pour une échographie. Nous avons décidé de payer les frais liés à cet examen de santé et de rester solidaire envers elle ».

Pendant ce temps, une autre femme du groupement rejoint les échanges. Jeune mère séropositive du groupement, Fèmi T.  s’activait à cueillir des feuilles de crincrin. À l’en croire, travailler au sein du groupement « Eyon » l’offre l’opportunité d’avoir de quoi assurer ses besoins de nutrition et de revenu. « Quand nous vendons nos produits agricoles, je gagne aussi de l’argent que j’utilise pour cuisiner à mon époux. Nous cueillons aussi des légumes pour préparer nos repas et nous achetons très peu «  raconte Fèmi T. avec un air épanoui.

Regarder la vidéo de Fèmi ici. Son visage a été flouté par la rédaction de mamabenin.

VIDEO : Fèmi raconte l’utilité du groupement et salut l’appui du Pam Bénin

Sur le parcours se trouve le Pam/Bénin

« Je suis heureuse de l’appui du Pam car les outils qu’il nous a offerts améliorent notre travail mais je voudrais que le Pam nous appui encore avec une décortiqueuse de riz » nous confie Fèmi, la seule femme du jour. Si le groupement se sent productive, c’est grâce à l’appui du Programme alimentaire mondial (Pam) qui l’appuyé en matériels. « Le Pam nous a offert une moto pompe pour aspirer l’eau, des tuyaux, des raccords, de l’arrosoir, de râteaux, de brouettes, de l’engrais, des produits pour prévenir les prédateurs » cite avec entrain Antoine pour dire toute sa reconnaissance à l’agence onusienne vers qui le groupement tourne les yeux actuellement pour mettre en œuvre son projet de riz.

Des membres travaillant dans le champs du groupement. En première ligne Fèmi. Photo: Bismarck Sossa

Leur plus grande doléance à l’endroit du Pam est d’avoir un appui pour une décortiqueuse de riz car leur ambition est de transformer leur bas-fond en un site de production de riz.  » Dans la commune de Lokossa, il n’y pas de décortiqueuse de riz. Si nous avons une décortiqueuse, nous n’irons pas loin pour décortiquer notre riz » argumente Antoine.

La rencontre avec le groupement « Eyon », démontre comment l’investissement dans l’autonomisation des personnes vivant avec le VIH/Sida est une approche assurant leur indépendance économique et offrant l’opportunité d’un bien-être social dans leur communauté. Antoine et Fèmi sont des exemples qu’un séropositif peut vivre heureux et nourrir des rêves.

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1 réponse

  1. 17 mai 2019

    […] Si vous n’avez pas encore lu notre reportage « Séropositifs mais heureux : Rencontre avec Antoine et Fèmi du groupement des personnes vivants avec le Vih/Sida « Eyon » à Lokossa » cliquez ici […]

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