Autonomisation – 15 femmes cuisinières des cantines scolaires de Klouékanmè et Lalo reçoivent des appuis financiers pour la mise en place d’activités génératrices de revenu
C’est le fruit d’un partenariat tissé par l’antenne du Programme alimentaire mondial dans le Couffo avec la Direction départementale des affaires sociales et de la microfinance à travers le Centre de promotion sociale de Klouékanmè et de Lalo. Cet appui qui varie entre 15,000 FCFA et 20,000 FCFA est un coup de pour sortir ces femmes vulnérables de leurs situations précaires. Retour sur l’étape de la remise des enveloppes financières à Klouékanmè le mercredi 11 janvier 2023.
Ce mercredi-là au Centre de promotion sociale (CPS) de Klouékanmè, l’ambiance affiche la mobilisation connue des opérations de distribution de cash. Sur la cour, tout le monde à l’air calme avec un mélange d’impatience. Un semblant de silence règne sur les lieux et les yeux sont rivés sur l’agent chargé de l’appel nominal. On écoute, on regarde, on s’impatiente ! Ce matin-là, le Centre de promotion sociale de Klouékanmè appuyait une centaine de personnes vulnérables bénéficiaires d’une aide financière du gouvernement aux personnes indigentes.
C’est dans cette ambiance-là, qu’à pas feutré, Dégbé Euphrasie descende les marches de l’entrée du bureau du Centre de promotion sociale avec un sourire radieux. Elle échange quelques mots avec une camarade en attente et se dirige vers un groupe de femmes à l’extérieur de la foule de circonstance. Euphrasie venait de recevoir une enveloppe financière de 15,000 FCFA et ne pouvait cacher sa joie de l’instant. « Je suis très contente. Aucune somme d’argent n’est petite. Je pourrai faire du commerce avec cet argent et subvenir aux besoins de mes enfants » confie cette mère de 47 ans, cuisinière bénévole à la cantine scolaire de l’Ecole primaire publique Glolihoué à Djotto (Klouékanmè). Sa camarade Soglonou Sylvie dessine son idée d’entreprise dans laquelle elle investira son appui. « Le matin, je vais préparer pour la cantine de l’école et dans l’après-midi je préparerai de la nourriture que je vais vendre le soir » projette la jeune femme de 25 ans, cuisinière à l’EPP Gahadji.
Comme Euphrasie ou Sylvie, elles sont 11 cuisinières des écoles à cantine scolaire de la commune de Klouékanmè présente sur place pour recevoir cet appui. Cette opportunité est née du plaidoyer de l’antenne du Programme alimentaire mondial dans le Couffo auprès du Centre de promotion sociale de Klouékanmè afin que la cible que constitue les femmes cuisinières soit considérée dans les appuis aux personnes vulnérables. L’idée est partie d’un constat. « Nous avons été informés que les cuisinières qui préparent dans nos cantines pour les enfants, la plupart sont des personnes indigentes, veuves, femmes abandonnées qui ont la volonté d’accompagner les enseignants, les écoliers » partage Blochaou Alexandre, intérim du chef du CPS de Klouékanmè. Une enquête sociale a été diligentée pour évaluer le degré de vulnérabilité d’une trentaine de femmes cuisinières dans 14 écoles de la commune.
Selon les explications, la grille de vulnérabilité permet de catégoriser une cible en haute vulnérabilité, vulnérabilité moyenne ou vulnérabilité mineure. De l’enquête sociale opérée sur la cible des cuisinières, il ressort que plusieurs répondent aux critères d’identification d’une personne vulnérable confirme Alexandre Blochaou du CPS Klouékanmè. Il peint le tableau de la réalité que vit ces femmes dont « …plusieurs parmi elles sont des veuves, des femmes indigentes, abandonnées par leurs époux, ayant en charge des enfants, parfois quatre, cinq ou six enfants… C’est elle seule qui répond aux besoins de ses enfants. Se nourrir, c’est elle-même. Abandonnée par la belle famille qui ne demande rien…elle se gère seule » décrit Alexandre. Et pourtant, elles sont des actrices clés de la mise en œuvre du programme des cantines scolaires dans la commune de Klouékanmè et ailleurs. « Dans ces conditions, elles ont donné encore leur volonté à accompagner le gouvernement sur cet aspect des cantines. Cela nous a motivé » apprécie Alexandre reconnaissant l’esprit de sacrifice de ces cuisinières à se joindre au Pam pour favoriser l’offre des repas aux enfants à l’école. « Elles ont mérité cet appui compte tenu de leurs conditions, Ce n’est pas gratuite » conclut Blochaou.
11 femmes cuisinières de Klouékanmè ont été prises en compte en 2022 dans le cadre de cet appui que le gouvernement met à la disposition des CPS pour appuyer les personnes vulnérables. En 2023, de nouvelles cuisinières seront intégrées pour bénéficier ce coup de pouce qui vise à accompagner l’autonomisation des femmes cuisinières. « Nous allons continuer le plaidoyer pour que toutes les femmes cuisinières du Couffo puissent être intégrées à ce processus en entendant que le PAM au niveau des réflexions que nous sommes en train de mener puisse mettre en place un mécanisme incitatif pour encourager ces femmes à continuer par œuvrer au niveau de nos cantines scolaires » assure Donald Madégnan, chef de l’antenne du Programme alimentaire mondial dans le Couffo.
Pour Euphrasie, Sylvie, Marie, Reine et les autres cuisinières, 15,000 FCFA ou 20,000 FCFA pour certaines est un bon départ pour initier une activité génératrice de revenu propre à elle qui occupera les moments en dehors de la cantine scolaire. Elles sont davantage motivées à soutenir le programme des cantines scolaires dans leurs différentes communautés, à apporter de leurs temps pour la préparation des repas quotidiens car derrière elles sont convaincues que le Programme alimentaire mondial et ses partenaires ne les laisseront pas de côté.
Lire aussi : Donald Madégnan- « C’est une approche que nous voulons être généralisée à tout le département du Couffo »