Projet Recoba | Sur les traces de Razack Amadou, le cultivateur de coton du village Guéné 2 (Malanville)

A Guéné, un arrondissement de la commune de Malanville, 1000 ménages vulnérables reçoivent une assistance alimentaire sous forme de cash favorisée par le projet Résilience Covid-19 Borgou Alibori (Recoba). Amadou Razack est l’un des bénéficiaires. Que fera t-il de cet argent ?

Razack Amadou tient en main une somme de 50000 FCFA reçu en cash comme assistance alimentaire du projet Recoba. Photo: Jonas H.

La cinquantaine, marié et père de cinq enfants, Amadou Razack est un cultivateur plein d’énergie du village Guéné 2 (Malanville). Seulement, il peine toujours à se relever du choc subi lors des inondations de 2020. Il a perdu la quasi-totalité de sa culture car « les eaux ont emporté mon champ de coton, de maïs, de sorgho et même une maison » se remémore Razack.

Le souvenir de ce moment douloureux aurait pu le replonger dans l’amertume mais nous l’avons rencontré dans une circonstance heureuse où, il avait une raison de sourire. Il venait juste de recevoir une assistance alimentaire en numéraire de 50,000 FCFA, fruit du partenariat entre le Programme alimentaire mondial et la Coopération Suisse dans le cadre du projet Recoba. 50,000 FCFA qu’il tient ce jour là dans la main alors que 24 heures plus tôt, il avait pensé, malgré sa fragilité de l’heure, couper du bois et vendre afin de financer la récolte de son champ de coton.

Depuis la situation des inondations de 2020, la vie a basculé dans le ménage de Razack. « Je n’avais plus rien. Nous mangeons dans le peu de récolte que j’avais encore et c’était très difficile ». Il fallait se relancer. Sans argent, avec une famille à nourrir, il n’était pas aisé de remonter rapidement la pente. « Je vous jure que c’est un frère qui m’a acheté deux bœufs pour faire le champs » raconte Razack. Avec ces bœufs « mon fils laboure le champ à d’autres cultivateurs et nous vivons des revenus car je n’ai plus de force comme avant » justifie Amadou. Ces bœufs lui ont permis de reprendre son champ de coton mais les difficultés résident toujours.

…Je cherchais 80,000 FCFA pour la récolte de mon coton

Pour voir le champ de coton de Razack, il nous amène au village Sissimba à environs 5 kilomètres de l’arrondissement central de Guéné où nous l’avons rencontré. Ici, le cultivateur tente de renaitre de ces cendres quelques mois après les inondations. Il a emblavé deux hectares de coton avec un résultat plus ou moins mitigé. « Je n’ai pas eu d’argent pour les engrais et vous pouvez voir que cette partie du champ de coton n’a pas été vraiment bonne » explique Razack en doigtant une partie du champ où la production n’a pas répondu à ses espérances. La bonne nouvelle, il y a du coton à récolter qu’il estime à trois tonnes. La mauvaise, il n’a pas de l’argent pour payer la main d’œuvre pour la récolte alors que les revenus qui seront issus de la vente du coton l’aideront à améliorer la situation de sa famille. C’est là que le projet Recoba lui apporte du sourire.

Le cultivateur Razack Amadou dans son champ de coton à Sissimba. Photo: Jonas H.

« Jusqu’à hier, je pensais encore à comment trouver de l’argent pour récolter le coton et aujourd’hui, j’ai eu 50,000 FCFA du projet Recoba » partage Razack avec émotion et confondu en remerciement à l’endroit des initiateurs du projet Recoba. Il ne s’y attendait pas à trouver si rapidement une porte de sortie qui l’épargnerait de la vente du peu de vivres qu’il dispose encore pour supporter les frais pour la récolte du coton. « J’avais pensé vendre une partie des vivres que j’avais, couper du bois et vendre pour réunir les fonds, mon Dieu…je pensais à tout » témoigne Amadou.

Avec l’assistance alimentaire de 50,000 FCFA reçu, Razack a un autre plan pour l’argent. Dans l’idéal, cet argent devrait servir à procurer sur le marché des vivres pour supporter l’alimentation de son ménage pour les 75 prochains jours. Avec cet appui en main, l’idée de vendre une partie des vivres qui lui restait ne compte plus. « Je ne vais plus vendre. Je vais garder le peu de vivres que j’ai pour notre alimentation et utiliser les 50,000 F pour amorcer la récolte de mon champ de coton » justifie Razack.

A Guéné, il faut investir au moins 40,000 FCFA dans la main d’œuvre pour récolter un hectare de coton. Razack dispose d’un champ de deux hectares à récolter et devrait tirer bientôt des revenus de la vente de sa récolte. Quand nous l’avons demandé dans son champ à Sissimba où se trouve actuellement son cash, il répondit « je l’ai remis à ma femme pour qu’elle l’a garde. Je ne veux retirer aucun franc avant de l’avoir remis aux manœuvres pour la récolte du coton ». Comme quoi, l’argent est mieux en sécurité dans la main de sa femme.

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