Cantines scolaires & Covid19 | « Nous sommes préparés de façon à ce que les enfants mangent à l’école pendant toute cette période »[Guy Adoua]
Le jeudi 18 juin 2020, le Système des Nations-Unies a apporté son soutien au gouvernement du Bénin dans le cadre de la riposte face au corona virus. Au détour de la visite conjointe de terrain faite par les chefs d’agence du SNU au Complexe scolaire Belles Rives de Kraké, la presse a échangé avec Guy Mesmin Adoua, le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial au Bénin. Dans un échange à cœur ouvert, Guy Adoua a partagé avec la presse comment son agence en charge de la mise en œuvre du programme des cantines scolaires s’adapte au nouveau contexte imposé par la pandémie du corona virus. Retour de cet échange sur Mamabenin.
Mamabenin : Les classes ont repris au Bénin depuis le 11 mai 2020 pour les écoliers des Cours moyens deuxième année (CM2). En pleine pandémie du coronavirus, comment le Pam poursuit-il la mise en œuvre des activités du programme des cantines scolaires ?
Guy Adoua : Le Programme alimentaire mondial au Bénin accompagne le gouvernement dans la mise en œuvre du Programme national d’alimentation scolaire intégré. Ce programme qui a un caractère social fait partie des priorités du gouvernement. L’objectif est que les enfants aient un repas chaud à l’école chaque jour de classe. Le gouvernement au début avait essayé de prolonger la période des vacances scolaires pour essayer de gérer la situation liée à la pandémie du Coronavirus. Après, il avait donc été décidé de la réouverture des classes dans un premier temps pour les élèves du CM2.
Si nous restons dans notre objectif de faire manger les enfants chaque jour de classe, le Pam n’avait que le devoir d’accompagner ce programme du gouvernement et accompagner aussi la réouverture avec donc la reprise des repas qui sont fournis aux enfants à l’école. Voilà pourquoi nous aussi, dès le 11 mai, quand les cours ont repris, nous nous sommes organisés pour que les enfants reprennent à manger à l’école. Les dispositions ont été prises pour prendre en compte, les nouveaux éléments, les nouvelles exigences que nous impose le coronavirus pour pouvoir accompagner les enfants à clôturer l’année scolaire.
Quelles sont les nouvelles dispositions ?
Guy Adoua : Déjà, dans les conditions normales, qui dit alimentation scolaire dit aussi hygiène autour de l’école. Donc nous avions déjà des dispositifs pour s’assurer qu’avant et après les repas les enfants lavent leurs mains. Mais ce que nous exige le coronavirus, c’est vraiment d’autres dispositions. En plus du fait que nous devons nous assurer que les enfants se lavent les mains, il y a aussi toute l’hygiène tout autour des enfants, les femmes qui font la cuisine, les enseignants, la disponibilité en eau, surtout les détergents, les savons…
Ce que nous avons pris comme dispositions, c’est de nous assurer d’abord que même s’il y avait ce dispositif de lavage des mains, qu’il soit renforcé. Que cela soit quelque chose de rigoureux à tous les niveaux et que cela soit respecté. Que nous renforcions encore les sensibilisations, que nous ayons des affiches au niveau des écoles pour insister sur le fait qu’à l’école les enfants doivent observer ces mesures à savoir la distanciation sociale d’un mètre au moins, le port du masque mais aussi et surtout le lavage des mains avant et après les repas.
Ce que nous avons voulu renforcer avec cela, c’est que cela ne se passe pas seulement à l’école mais jusqu’à la maison que les enfants soient comme ceux qui apportent le message. Ils ont l’avantage de le faire depuis que les cantines scolaires existent maintenant il faut qu’ils aillent au-delà de l’école et qu’ils fassent passer le message aussi à la maison parce que ce n’est pas seulement à l’école que l’enfant se retrouve. S’il respecte seulement les mesures à l’école et ne le fait pas à la maison, cela ne veut rien dire parce qu’il peut ne pas être contaminé à l’école mais à la maison ou dans le quartier.
Donc c’est d’intensifier ce message : partir des cantines scolaires comme une plateforme pour pouvoir vulgariser ce message au-delà de l’école y compris les familles et la société.
Nous étions à Sèmè-Kpodji avec vous. Le Système des Nations-Unies a apporté son soutien au gouvernement dans le domaine de l’éducation à travers la remise des cartons de savon, des gels hydro alcooliques, des dispositifs de lavage de mains. Quel a été l’apport particulier du Pam ?
Guy Adoua : Effectivement, le jeudi 18 juin 2020, avec les autres chefs d’agence du Système des Nations-Unies, nous avons choisi une école à cantine scolaire pour apporter la contribution des Nations-Unies à la réponse du gouvernement dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Ce faisant, le Pam, dans sa mission de mettre en œuvre le programme des cantines scolaires s’est fait le devoir de s’assurer que dans le lot qui est apporté qu’il y ait du savon, qu’il y ait aussi tous les dispositifs pour pouvoir renforcer l’hygiène et la sensibilisation autour des cantines scolaires.
Le Pam de façon particulière s’est assuré que sur l’ensemble des écoles où il y a des cantines scolaires, qu’au niveau des cuisines et au niveau des gestionnaires de cantine, qu’ils disposent du savon, qu’ils disposent de tout ce qui est gel, tout ce qui est dispositif de lavage des mains pour s’assurer que avant et même après les repas les enfants ont de quoi observer toutes les mesures qui sont prises à savoir se laver les mains au savon avant et après les repas.
L’apport du Pam dans tout ce qui a été fait le jeudi 18 juin 2020, c’est aussi ces savons parce que dans les moments actuels, dans les conditions pareilles, il ne faut pas attendre seulement que les parents apportent. Si les parents ont apporté, c’est déjà quelque chose de bien mais déjà nous, nous assurons que nous avons déjà apporté parce qu’avec ce fléau, il n’est pas question d’attendre. Il est question d’agir à temps. Ce que les parents vont apporter c’est juste pour rendre cela durable mais nous devons déjà faire le premier pas.
Je voudrais déjà saisir l’occasion pour remercier tous mes collèges chefs d’agence des Nations-Unies pour le reste des appuis qu’ils ont apportés. Ils ont apporté suffisamment de choses. Des citernes pour stocker l’eau dans les écoles, des dispositifs assez améliorés de lavage des mains, des détergents…Je pourrais dire que les écoles bénéficiaires des cantine scolaires ont reçu du matériel suffisant pour pouvoir gérer les cantines et garantir aussi l’hygiène autour des repas qui sont fournis aux enfants dans le cadre du programme des cantines scolaires.
Le 10 août prochain, les autres écoliers des classes intermédiaires vont reprendre le chemin des classes. Que comptez-vous faire pour ces écoliers ?
Guy Adoua : Le programme des cantines scolaires, c’est toute une organisation. Et on doit être prêt à nous adapter aux programmes scolaires. On doit être prêt à nous adapter à toutes circonstances scolaires qui pourraient se poser tout au long de l’année scolaire. Quand je dis prêt, c’est-à-dire anticiper les choses. Nous avons reçu du gouvernement le plan de cours des classes jusqu’à la fin de l’année. Il y a un groupe qui va terminer d’ici mi-juillet avec le Cep mais il y a aussi un autre groupe qui va commencer le 10 août jusqu’au 11 septembre.
Nous nous sommes déjà préparés de façon à ce que pendant toute cette période-là que les enfants mangent à l’école. Donc nous avons des stocks adaptés à ces programmes-là. Une fois que ceux qui sont au CM2 vont finir, quand les autres vont revenir, ils auront aussi leur repas. Ils auront les stocks de vivres qui seront mis à la disposition des écoles mais aussi les campagnes vont se poursuivre pour que pendant cette période qu’ils continuent à bénéficier de toutes les mesures d’hygiène, de tout matériel qu’il faut pour garantir l’hygiène et la sécurité sanitaire des aliments. Donc les enfants auront tout ce qu’il faut pour pouvoir manger le temps qu’ils sont à l’école.
En dehors de la mise à disposition des savons pour renforcer le lavage systématiquement des mains dans les écoles, y a-t-il d’autres actions que le Pam prévoit pour venir en aide aux populations vulnérables dont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes en cette période de crise sanitaire ?
Guy Adoua : Quand nous avons des situations de crise, le premier réflexe, c’est de voir juste à quel niveau cette crise peut avoir un impact sur les conditions de vie des populations. Nous regardons généralement les groupes les plus vulnérables tels que vous avez cité. Pour cela, souvent, il est conduit des études socio-économiques pour évaluer l’impact au niveau de ces communautés. Pour le moment, il y a des études qui sont en cours pour essayer de ressortir les problèmes. Est-ce que la crise par exemple au Bénin a touché telle couche vulnérable ? A quel niveau et quel type d’intervention adapté pour faire face à ces problèmes ?
Tout cela nécessite une étude de départ sur le terrain. Une fois que ces études sont faites, nous allons déterminer la cible, le type d’intervention adapté pour corriger les problèmes. Nous sommes à cette phase. Une fois que nous aurons les résultats, avec le gouvernement nous allons décider s’il faut intervenir et de quelle manière. Nous n’avons pas oublié ces catégories de population mais nous voulons bien savoir quel est le problème réel à leur niveau et quel type d’intervention est adapté.