Cantines scolaires : entre achat des vivres et repas chaud… que dire de la qualité ?

Depuis 2017, le Programme alimentaire mondial (Pam) met en œuvre le Programme national de l’alimentation scolaire intégré (Pnasi) pour le compte du Gouvernement du Bénin. A ce jour, plus de 650,000 enfants sont impactés par ce programme et cela implique des milliers de tonnes de produits vivriers consommés dans les écoles. D’où proviennent les vivres utilisés dans les cantines scolaires ? Que dire de la qualité ? Pour comprendre, les unités en charge des achats et de la logistique au bureau du Pam/Bénin nous dévoilent les coulisses.

Stockage des vivres dans un entrepôt du Pam à Bohicon. Photo: Jonas H.

En tant que programme phare qui contribue à nourrir un enfant sur deux dans les écoles primaires publiques au Bénin, le programme des cantines scolaires est au centre du Plan Stratégique Pays du Programme alimentaire mondial (Pam) au Bénin depuis 2019. Au-delà de fournir un repas chaud chaque jour de classe à plus de 650,000 enfants, l’initiative des cantines scolaires implique d’autres défis : s’approvisionner des vivres en quantité, en qualité, à temps et dans la mesure du possible sur le marché local.

Le Programme alimentaire mondial est une agence des Nations-Unies avec ses standards en termes de qualité de produit alimentaire consommable. Le Bénin aussi en tant que pays à ses normes de qualité. Dans un contexte où il s’agit de nourrir des enfants, les normes de qualité à respecter font de l’achat des vivres distribués dans les cantines scolaires, « un processus très complexe qui est basé sur des appels d’offres » commente Désiré N’Da en charge de l’Unité des achats au Pam. « Nous identifions à travers des procédures de manifestation d’intérêt les potentiels fournisseurs qui sont sur le marché. Il y a un comité qui se charge d’évaluer ces fournisseurs ou des prestataires pour qu’ils soient sur notre liste en fonction de leurs capacités, leurs expériences dans le domaine » explique Désiré N’Da.

Le travail de Désiré N’Da au niveau de son unité est « d’identifier les fournisseurs les mieux adaptés qui ont l’expérience, qui ont les stocks disponibles » pour fournir au Pam les vivres dont il a besoin pour approvisionner les cantines scolaires. Autrement, entre le Programme alimentaire mondial et le fournisseur, c’est une relation contractuelle où chaque partie à des exigences. Le Pam étant le client des produits, la qualité, la disponibilité et le délai sont des éléments importants dans sa relation avec les fournisseurs de vivres.

Désiré N’Da de l’unité des achats du Programme alimentaire mondial (PAM)

Le panier du Pam dans le cadre du programme des cantines scolaires est composé de maïs, de riz, de niébé, de pois jaune, de sel et d’huile. Selon les explications du chef de l’unité des achats « On a le riz, le maïs, le niébé qu’on achète localement. Le sel qu’on achète sur le marché régional et le pois jaune et l’huile qu’on achète sur le marché international qui rentre dans le panier alimentaire qui est distribué dans les cantines ».

En résumant, les vivres distribués dans les écoles à cantines sont achetés sur le marché local et en dehors du Bénin. Au niveau local, les achats sont de deux formes selon les explications de Joseph Assouto en charge de la logistique au Pam. Soit « …le fournisseur nous livre dans notre magasin, dans notre entrepôt, la réception est constatée au niveau de l’entrepôt du Pam » ou « …nous allons positionner le camion au niveau du magasin du fournisseur qui charge notre camion et nous transportons vers nos magasins. C’est souvent pour les petits producteurs et pour les coopératives que nous adoptons ce type d’achat ».

Dans son lot de responsabilités, l’unité de la logistique à la charge d’assurer la qualité des vivres et le transport des vivres des magasins vers les écoles ou vers les centres de distribution des vivres. De l’unité d’achat à la logistique, c’est une synergie d’action pour s’assurer de la qualité des vivres achetés avant leur destination dans les écoles. « Le Pam attache beaucoup de prix à la qualité parce que ce sont les enfants qui vont être servis. Il faut qu’ils reçoivent la bonne qualité respectant les normes du Pam et les normes du Bénin parce que le Bénin aussi à ses normes qui sont parfois un peu plus strictes que les normes que nous avons au Pam » argumente Désiré N’Da.

Joseph Assouto en charge de la logistique au Programme alimentaire mondial (PAM)

Sur le parcours, « on fait intervenir notre super intendant. Son rôle c’est de vérifier la quantité et la qualité de ces produits que nous achetons. C’est après cela que le Pam peut les acheter et les distribuer dans les cantines ». Dans la pratique, des échantillons sont prélevés et transmis à un laboratoire. Il s’agit d’un laboratoire accrédité par l’Etat béninois qui s’implique dans le processus d’achat des vivres destinés aux cantines scolaires pour garantir si oui ou non, le produit du fournisseur est propre ou impropre à la consommation. « Au Bénin, on travaille avec l’ABSSA qui se charge de tester, d’analyser et nous fournit les certificats pour dire que le produit est propre à la consommation humaine ou impropre à la consommation humaine » explique le chef de l’unité des achats du Programme alimentaire mondial.

Selon le résultat issu de l’analyse du laboratoire, le fournisseur pourra livrer son produit au Pam ou pas. « Si le produit est bon, on dit vous pouvez livrer. Si ce n’est pas bon, on dit vous nous mettez un stock à disposition pour qu’on puisse réévaluer et on évalue une dernière fois. Si ce n’est pas bon, en ce moment on met fin au contrat » détaille Désiré N’Da.

A voir de près, le fournisseur définitif d’un produit destiné aux cantines scolaires est celui qui a réussi au test d’analyse de son produit à l’étape du laboratoire ABSSA (Agence béninoise de la sécurité sanitaire des aliments). C’est un élément qui aide le Programme alimentaire mondial à poursuivre une relation contractuelle avec un fournisseur. L’agence veut s’assurer que le consommateur final que sont les élèves dans les écoles a une alimentation saine avec des produits de qualité. C’est pourquoi, l’autre défi au cœur du Programme national de l’alimentation scolaire intégré (Pnasi) est le renforcement des capacités des petits producteurs locaux afin qu’ils puissent produire des vivres aux normes pour favoriser davantage les achats locaux.

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