Coopération Sud-Sud : Vers l’introduction de l’achat des produits locaux dans le programme des cantines scolaires
« Aider les producteurs de coton à améliorer leur technique de culture et produire davantage des céréales de qualité qui seront mises à la disposition des cantines scolaires ». C’est l’objectif principal du projet « Beyond Cotton » ou « Au-delà du Coton ». En prélude à la validation du projet qui va démarrer en Janvier 2020, une équipe composée des experts du Centre d’Excellence contre la Faim du PAM au Brésil, de l’Agence Brésilienne de Coopération, du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche et du PAM au Bénin a visité les zones d’intervention du projet afin de se familiariser avec les réalités du terrain.
Orou Monsi Abdoulaye est l’un des grands producteurs du coton de la commune de Gogounou. En dehors du coton, il produit également du maïs, du mil, du sorgho, de l’igname. Ayant reçu plusieurs formations sur l’amélioration des techniques de production, il travaille avec d’autres petits producteurs. Rencontré dans son champ, il explique à l’équipe d’experts les raisons qui l’amènent à s’investir davantage dans la culture du coton au détriment des autres. « Je possède au total 60 hectares de terres cultivables dont la majorité est destinée à la culture du coton qui a déjà un marché d’écoulement. Pour les autres céréales, il y a trop de pertes après la récolte car nous ne trouvons pas d’acheteurs sur place. Je consomme une partie avec ma famille et j’exporte le reste vers le Niger, le Nigéria, le Burkina Faso ».
Désormais le problème d’écoulement de ces produits céréaliers trouvera sa solution dans la mise en œuvre de ce projet qui va aider les producteurs du coton à améliorer leurs techniques de culture, à augmenter leurs capacités de production, à vendre le surplus de leurs céréales aux écoles à cantines de leurs communes et augmenter leurs revenus. « Les producteurs de coton sont de bons producteurs de céréales. A travers ce projet, nous allons améliorer simultanément leurs techniques de production de coton et de céréales, aussi bien sur le plan de la qualité et de la quantité. Ceci permettra de sauvegarder l’environnement, de mettre les céréales à la disposition du programme d’alimentation scolaire. Ce faisant, nous mettons en relation la production locale et les cantines scolaires afin de mieux intégrer le programme dans les communautés et ainsi améliorer les revenus des populations » a expliqué Zakari Allou Nadjib, Consultant du PAM dans le cadre du projet.
Au cours de la visite, l’équipe a visité les zones d’intervention du projet qui sont spécifiquement les zones de production cotonnière telles que les départements de l’Alibori, du Borgou, de l’Atacora et de la Donga. Une occasion pour les membres des différentes cellules communales de Gogonou, de Kandi, de Banikoara et de Malanville d’expliquer les techniques actuelles utilisées par les producteurs, les difficultés qu’ils rencontrent et les domaines dans lesquels ils souhaiteraient bénéficier des renforcements de capacités afin d’améliorer la productivité et satisfaire aux besoins du projet. C’est une très bonne initiative, se réjouit Sabi Goré Bio Ali, membre de l’Union Communale des Coopératives Villageoises de Production du Coton (UCOM CVPC) de la commune de Banikoara qui compte 30.000 producteurs de coton « Avec ce projet, Banikoara pourra désormais vendre ses produits vivriers qui ne trouvent pas très souvent de marchés d’écoulement et pourrissent dans les greniers des producteurs. C’est une bonne initiative car elle sera bénéfique tout d’abord pour nos enfants qui sont dans les écoles et ensuite pour nous les parents ».
Tout en appréciant l’effort que fait le Gouvernement du Bénin dans le domaine de l’alimentation scolaires, Joelcio Carvalho, responsable du projet « Au-delà du coton » et représentant du Centre d’Excellence contre la Faim du PAM au Brésil se dit très satisfait de cette visite de terrain. « C’était important pour nous de venir toucher du doigt les réalités qui nous permettront ensuite d’engager des discussions avec les parties prenantes, de faire des adaptations et la promotion des bonnes pratiques au niveau des producteurs de coton du Bénin ». Les impacts positifs de ce projet se ressentent déjà au niveau des producteurs brésiliens qui ont abandonné les pratiques manuelles.
Aujourd’hui, les nouvelles techniques utilisées leur permettent de diversifier leurs produits, d’augmenter leur rendement et de répondre ainsi aux besoins alimentaires des cantines scolaires et de la population. Beaucoup d’opportunités s’offrent au niveau du Bénin, à en croire Almir Vieira Silva, Ingénieur Agronome à l’Université Fédérale de l’Ouest de Bahia au Brésil pour qui la plus importante action à mener est l’amélioration des techniques en se basant sur les connaissances du terrain. « Nous avons constaté au cours de nos visites qu’il y a une grande utilisation des pratiques manuelles. Nous avons la possibilité de fabriquer des machines avec les producteurs afin de les aider à améliorer leur travail. Avec ces techniques sociales, ils pourront augmenter leur rendement ».
L’état nutritionnel des enfants dans les écoles : l’autre volet du projet
Au-delà de renforcer les capacités des producteurs de coton tout en leur offrant des marchés d’écoulement de leurs produits céréaliers que sont les écoles à cantines de leurs communes, le projet s’intéressera également à l’amélioration de l’état nutritionnel des apprenants. Selon les explications de Deborah Porcino, Nutritionniste et enseignante à l’Université Fédérale de l’Ouest de Bahia, il s’agira de réfléchir sur de nouvelles formes de préparation des aliments.
Le peu de temps que j’ai passé avec les cuisinières des différentes écoles à cantines m’a permis de voir leurs techniques de cuisson. J’ai constaté que le panier alimentaire des enfants et les produits cultivés dans les différentes communes visitées constituent une bonne base pour le suivi nutritionnel. Aussi, chaque repas offert aux enfants comprend les différents groupes d’aliments. Il ne s’agit pas ici d’importer des formules toutes faites du Brésil au Bénin, mais plutôt de voir ce que nous pouvons faire avec les produits locaux pour que les enfants puissent avoir toujours des repas équilibrés. Nous pouvons également introduire d’autres aliments selon la production locale.
Deborah Porcino
Des techniques pour lutter contre les agents microbiologiques seront également développées avec les cuisinières pour garantir une bonne santé aux enfants.
Makeba Tchibozo