Cantines scolaires : des communautés agissantes à Thio et Daanon Kpota
La série de contacts du Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (Pam) Guy Adoua avec les acteurs impliqués dans la mise en œuvre du programme des cantines scolaires l’a conduit jeudi à la rencontre des communautés des villages Assolomihoué à Thio (commune Glazoué) et Daanon Kpota (commune de Djidja). L’idée est de voir de près comment les communautés bénéficiaires des cantines scolaires s’organisent autour du programme pour le rendre durable dans le temps.
Des initiatives communautaires naissent de plus en plus autour des cantines scolaires au Bénin. D’une école à une autre, on découvre des initiatives qui expriment la volonté des bénéficiaires de soutenir et d’accompagner les efforts que fournissent déjà le gouvernement et le Programme alimentaire mondial (Pam) pour mettre à la disposition des écoles tout ce qu’il faut pour assurer un repas chaud aux enfants.
A l’Epp Daanon Kpota à Djidja, les parents souscrivent 850 FCFA par an soit seulement 4 FCFA par jour pour faire fonctionner la cantine toute l’année et assurer que les enfants mangent à l’école tous les jours. Dans cette école de 232 écoliers dont 113 filles, le directeur de l’Epp Daanon Kpota raconte qu’ « il était difficile de percevoir la souscription forfaitaire journalier de 25 FCFA pour soutenir le fonctionnement de la cantine compte tenu du niveau de pauvreté des parents ».
Avec de la volonté, la communauté a su trouver le mécanisme pour que chaque jour, les vivres soient préparés et que les enfants mangent effectivement à l’école car cela apporte un soulagement considérable aux parents. Ensemble, le directeur, le comité de gestion et les parents ont décidé d’une participation forfaitaire de moins de 25 FCFA par semaine pour assurer les dépenses liées à la vie de la cantine. « Depuis deux ans, la cantine fonctionne ainsi, les enfants mangent et le rendement scolaire aussi s’est amélioré » témoigne le directeur de l’Epp Daanon Kpota.
Le plus important dans l’expérience de l’Epp Daanon Kpota est la démarche communautaire pour s’assurer que la cantine scolaire fonctionne. A quatre ans de mise en œuvre, le défi est que les communautés s’approprient le programme et comprennent leurs rôles dans la réussite du programme. Qu’elles comprennent qu’en dehors des vivres qu’apporte le Pam, elles ont une part d’effort à fournir pour le fonctionnement de la cantine et ces efforts doivent les unifier autour de la cantine scolaire pour le bonheur des enfants. A l’Epp Daanon Kpota, la communauté anticipe déjà l’avenir de sa cantine. En dehors d’un champ scolaire pour cultiver du maïs, elle a lancé un projet de plantation de plan de teck. L’idée est de vendre plus tard les arbres et faire des revenus une source de financement pour les besoins de la cantine de l’école sur le long terme.
« Ensemble, on trouve des solutions aux problèmes communs » a conclu Guy Adoua qui « trouve formidable » la façon dont la communauté de Daanon Kpota à surmonter ses difficultés avec volonté et engagement. Pour ce village, la cantine scolaire est venue régler un problème effectif de la faim chez les enfants à l’école mais surtout les repas scolaires sont devenus une incitation à la scolarisation. « De 66 écoliers avant la cantine, nous sommes passés à 232 écoliers grâce à l’alimentation scolaire » a partagé le directeur.
A l’Epp Assolomihoué à Thio dans la commune de Glazoué, la communauté est tout aussi engagée autour de sa cantine. Dans cet arrondissement, seule l’Epp Assolomihoué encore appelée Thio C est bénéficiaire d’une cantine scolaire. La plus vieille école de la localité compte cette année 305 écoliers dont 140 filles et la cantine a contribué à attirer les enfants vers l’école. « Malgré l’éducation de qualité, il était difficile de garder les enfants à l’école à cause de la faim et la pauvreté…Aujourd’hui, les parents se sentent à l’aise d’envoyer les enfants à l’école » a confié Elie Tokou, le 2e adjoint au maire de Glazoué.
La cantine a favorisé la baisse du taux d’abandon et contribué à l’amélioration de la performance scolaire chez les enfants. Plus de 7500 enfants sont touchés par les cantines scolaires à Glazoué selon des statistiques partagées par l’autorité communale pour témoigner de l’impact du programme sur les enfants. « Malgré la situation de nos parents, nous arrivons à manger à notre faim grâce à la cantine. Avec notre jardin, nous mangeons de façon naturelle » a partagé Aniel Nonvidé, une fille de la classe de CM1 s’exprimant au nom de ses camarades.
L’espoir est de voir de plus en plus d’engagement des communautés autour des cantines. De plus en plus d’idées, des initiatives pour accompagner le programme et le rendre durable. Le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial Guy Adoua a rappelé à chaque communauté bénéficiaire que « le résultat des cantines scolaires dépend du degré d’implication de la communauté ». Lorsque la cantine s’implante dans une communauté celle-ci est invitée à s’approprier ce bien et à le garder fonctionnel dans le temps.