Le Pam renforce l’éducation nutritionnelle des personnes vivant avec le Vih/Sida dans le Mono

Les 11 et 12 avril, la chargée de nutrition et point focal Vih/sida au sein du Programme alimentaire mondial (Pam/Bénin) Yolande Agueh était au contact des personnes vivant avec le Vih/Sida du département du Mono. La mission était de constater sur le terrain l’évolution des initiatives soutenues par l’agence pour le bien être de cette population vulnérable.

Séance d’éducation nutritionnelle le 11 avril au CHD Comè avec les femmes séropositives. Photo: Jonas H.

Quand l’équipe descendit à l’hôpital de zone de Comè, une quinzaine de femmes séropositives suivaient une séance d’éducation nutritionnelle. La cinquième séance d’une série du genre démarrée depuis quelques mois. Au menu du jour : la préparation et la dégustation de ragout de patate communément appelé « agnan » en langue nationale Goun assaisonné de petits poissons (dowêvi).

Pendant que le potage bouillonnait pour la cuisson après une phase de démonstration culinaire, l’infirmière Dofia Séadji se penchait sur les bonnes pratiques pour une alimentation saine et équilibrée. Une communication à bâton rompu conduite en langue nationale Mina pour garantir la transmission du message à la cible. L’idée de ces séances d’éducation nutritionnelle à l’endroit des personnes vivant avec le Vih/Sida est de leur apprendre à manger sain, à préparer des repas nutritifs à peu de frais.

Ragoût de patate sur le feu. Photo: Jonas H.

« Nous leur démontrons des repas simples à cuisiner sans beaucoup dépenser » soutient l’infirmière Dofia avec des exemples de recettes déjà apprises au cours des précédentes rencontres culinaires comme « la sauce de moringa à base d’huile rouge, ou la sauce de noix de palme aux feuilles de moringa. Nous conseillons surtout l’huile rouge à consommer en petite quantité » commente-t-elle.

Ici, la variété d’huile rouge conseillée est celle communément appelée « Kolè » qui a une valeur nutritive contrairement au « Zomi », une autre variété cuite à point et à faible teneur de vitamines. « Nous n’utilisons pas de bouillon de cube, de tomate en boite ; tout est naturel dans nos séances de démonstrations culinaires » ajoute la communicatrice convaincue qu’une bonne alimentation est d’un soutien capital pour le bien être des personnes affectées par le Sida.

En réalité Dofia Séadji est la gestionnaire des ARV pour la prise en charge des PVVIH à l’hôpital de zone de Comè. Depuis que le Programme alimentaire mondial apporte son soutien à la formation nutritionnelle de cette population vulnérable, elle témoigne d’une amélioration de l’état de santé de ses patients.

L’infirmière Dofia Séadji . Photo: Jonas H.

« Nos malades sont satisfaits ! Leurs poids augmentent et cela augmentent leur immunités aussi » se réjouit-elle. « Avant, les séances étaient théoriques sans aucune démonstration ; mais grâce à l’appui du Pam, les séances sont devenues pratiques avec des ingrédients. Je remercie le Pam pour cette initiative. Nos malades commencent par retrouver la santé mieux qu’avant et nous souhaitons que cela continu » conclut Dofia Séadji.

Les femmes séropositives de Comè témoignent de l’impact des séances d’éducation nutritionnelle

« On ne préparait pas avant sans mettre un peu de cube. Grâce à ces rencontres, j’ai arrêté et je me sens bien » a confessé publiquement Yvonne A. La cinquantaine et séropositive, elle se rappelle encore de la préparation de la bouillie à base de farine de maïs communément appelée « gbahoungba ». Depuis qu’elle connaît la meilleure manière de préparer cette bouillie, elle l’a adoptée. Elle souhaite apprendre davantage de recettes aux séances d’éducation nutritionnelle pour diversifier ses repas quotidiens et être à l’abri des petits maux.

Phase de dégustation du menu du jour. Photo: Jonas H.

C’est la même impression de satisfaction avec Cathérine T. Depuis qu’elle participe aux séances, elle est convaincue que la prise des ARV seule n’était pas une solution complète à sa situation. « Si nous prenons les médicaments et ne mangeons pas bien, est ce qu’on pourrait bien se retrouver » se questionne-t-elle. Avis que partage Sylvie A. qui était sujette à des malaises réguliers. « Avant, j’étais régulièrement malade. Maux de tête par ici, maux de ventre par-là, fatigue à ne plus en finir… ».

Actuellement, elles sont unanimes  et disent se sentir beaucoup mieux avec la pratique des enseignements acquis lors des séances de conseils nutritionnels. « J’ai eu beaucoup de changement depuis que je participe à ces séances et je voudrais que les autres femmes séropositives qui n’aiment pas participer viennent apprendre aussi » a confié Cathérine T.

Yolande Agueh échange avec les patientes à Comè. Photo: Jonas H.

« La bonne santé, ce n’est pas de gros morceaux de cuisse de poulet, ce n’est pas de gros poissons » a rappelé Yolande Agueh aux patientes pour leur signifier qu’avec le peu de moyen dont elles disposent, elles peuvent bien se nourrir. Dans son adresse aux patientes, celle en charge de nutrition et des questions liées au Vih/sida au sein du Programme alimentaire mondial (Pam/Bénin) a sensibilisé sur la relation hygiène-nutrition. « La bonne cuisine, c’est comment tu as préparé ton repas ; l’hygiène autour de la préparation. Est-ce que j’ai bien lavé les mains, est ce que j’ai bien lavé les bols, est ce que la cuisine ou l’endroit je cuisine est bien propre, est ce que j’ai utilisé les tomates de bonnes qualité… » a argumenté l’experte du Pam avant de conclure « vous devez toujours manger les légumes et prendre au moins un fruit dans la journée ».

La pédiatre Cléopâtre Adisso plaide la cause des enfants malnutris du CHD Lokossa

Au Centre hospitalier départemental de Lokossa, c’est la situation des enfants malnutris qui préoccupe le service de pédiatrie. Ce service accueille des enfants de divers statuts. Des enfants ordinaires, des enfants sous ARV et des enfants exposés (enfants nés de mère séropositives). Au fil des mois, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère augmente. Au premier trimestre, 36%des enfants qui présentaient un cas de malnutrition sévère sont décédés selon les explications de la pédiatre Cléopâtre Adisso.

Docteur Cléopâtre Adisso,
pédiatre au CHD Lokossa. Photo: Jonas H.

« Cela nous interpelle beaucoup par rapport à l’urgence d’avoir un centre nutritionnelle digne du nom avec un personnel qualifié pour pouvoir suivre ces enfants de façon adéquate » estime-t-elle. C’est pourquoi « On aimerait que le Pam nous aide à réhabiliter un centre de nutrition » a plaidé Docteur Cléopâtre Adisso. Des démarches antérieures ont permis d’identifier un local pour abriter ledit centre mais cela nécessite une réhabilitation.

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