Cantine scolaire| Guy Adoua : « A la fin, on ne parlera plus de programme d’éducation mais de programme de protection sociale »
Dès juillet, le Programme alimentaire mondial (Pam) lancera au Bénin les activités de son nouveau Plan stratégique pour la période 2019-2023. Un plan qui met au cœur des priorités la question de l’insécurité alimentaire. Au détour de l’atelier d’appropriation du document organisé à Cotonou, Guy Adoua s’est confié aux médias dont mamabenin sur les implications de ce nouveau plan stratégique.
Monsieur Guy Adoua, vous êtes le représentant du Programme alimentaire mondial (Pam) pour le Bénin, un Plan stratégique pays c’est pourquoi ?
Guy Adoua : Le plan stratégique est un cadre de programmation des activités du Pam dans le pays. La spécificité c’est le faite que cela prend en compte un ensemble d’activités qui constituent les priorités pour le Pam mais qui s’alignent sur les priorités nationales et qui devraient être mises en œuvre durant cinq ans. Donc nous parlons ici d’un plan stratégique qui part de 2019 à 2023 et qui constitue l’ensemble des interventions du Pam dans le pays pour cette période bien déterminée.
Comment est-il est aligné sur les priorités nationales ?
Je dirai déjà qu’il est bâti sur le Programme national de développement. Il y a aussi le PAG, le Plan cadre des Nations Unies pour le développement ; et il tire aussi sa source suivant les résolutions et recommandations de l’examen stratégique « Faim Zéro » qui a été conduit ici au Bénin en 2018. Sur la base de ces différentes priorités, le Pam a essayé d’établir les actions, les interventions pour pouvoir attaquer un front : le front sur l’insécurité alimentaire. Le gouvernement a pas mal d’axes qui concernent directement les questions liées à la nutrition et à la sécurité alimentaire. Le Pam par rapport à ses compétences, par rapport à son mandat, a essayé d’identifier parmi ces priorités, quelles sont les actions qu’il pourrait mener ici au Bénin pour accompagner le gouvernement à atteindre ses objectifs bien précis.
Et quelle est la relation du plan stratégique avec les cantines scolaires ?
Les cantines scolaires constituent le volet principal ce plan stratégique. Pour ne pas disperser les efforts, il y a déjà un grand travail qui se fait et qui constitue l’une des priorités phares du gouvernement. C’est le Programme national de l’alimentation scolaire intégré (Pnasi). Alors, le Pam a pensé que pour les cinq ans à venir, il fallait mettre beaucoup plus l’accent sur comment rendre ce programme véritablement intégré. Intégré, cela veut dire un ensemble d’activités autour des cantines scolaires pour que le programme lui-même il soit fiable, viable et durable. Ce qui veut dire que pendant les cinq ans à venir, toutes les actions que nous allons faire ici devraient avoir un lien directement ou indirectement avec les cantines scolaires. Le but c’est qu’à la fin que le programme des cantines scolaires ne disparaisse pas. Vous voyez que les enfants sont habitués maintenant à manger, vous voyez l’ambiance, vous voyez tout ce qui se passe autour des écoles, il faut maintenant consolider cela. Ainsi, les cantines scolaires seront une porte d’entrée et tout autour on va les lier à la production agricole, aux questions liées à la nutrition, l’hygiène alimentaire, à la santé, à l’eau, à l’assainissement. On voudrait qu’autour des cantines scolaires, qu’on puisse créer un climat de développement local.
Une illustration ?
Si aujourd’hui nous identifions des groupes vulnérables de femmes qui produisent, qui transforment des vivres qui sont consommés au niveau des écoles ; les enfants vont manger mais ces femmes aussi vont gagner quelque chose. C’est un marché sûr. Dans toutes les localités où il y a des cantines scolaires, on va développer la production, de petit élevage, si possible des unités de transformation, on va éduquer les femmes sur l’hygiène des aliments bref on voudrait que le programme soit de cette manière. Mais surtout, nous allons impliquer les communautés, les parents pour que cela soit l’affaire de tous. Voilà ce que nous serons en train de faire pendant cinq ans.
Vous espérez quelle synergie d’action pour la réussite du Pnasi ?
Il faut développer des partenariats et que cela ne soit pas seulement l’affaire du ministère de l’enseignement primaire. Que le ministère des affaires sociales trouve aussi sa part dans la mise en œuvre de ce programme, le ministère de l’agriculture trouve sa part, le cadre de vie parce qu’on parlera de l’environnement, le ministère de la santé…Et que si chacune de ces structures gouvernementales sont impliquées, l’impact serait beaucoup plus grand au-delà des questions liées à l’éducation.
En quoi ce Plan stratégique pays du Pam est différent des autres ?
Il est différent en ce sens qu’il ne faut pas disperser les efforts. Il faut s’assurer qu’à la fin de ce programme qu’il y a un changement. Il est différent en ce sens que tout l’effort va être mis sur les cantines scolaires mais avec des activités tout autour. S’assurer que les interventions c’est pour renforcer le programme des cantines scolaires, le rendre durable. Il y a un volet de renforcement des capacités au niveau local. Le Pam doit être en mesure de transférer les connaissances qu’il a dans ce domaine-là. Il sera différent parce qu’on fera beaucoup d’apprentissages pour amener à définir un modèle propre pour le Bénin. A la fin, on ne parlera plus de programme d’éducation mais de programme de protection sociale.