PNASI| PAM| Guy Adoua : « …l’avantage que nous avons ici, c’est que le gouvernement du Bénin est pleinement impliqué, engagé dans ce programme. C’est une particularité ».

Le bureau pays du Programme alimentaire mondial (Pam) est motivé à mettre en œuvre avec succès le Programme national de l’alimentation scolaire intégré (Pnasi) mis en place par le gouvernement du Bénin depuis la rentrée scolaire 2017-2018. Au détour de la célébration de la Journée africaine de l’alimentation scolaire (Jaas 2019), le Représentant résident du Pam au Bénin, Guy Adoua a accordé une interview aux médias dont votre site Web mamabenin. Il parle de l’importance de l’alimentation scolaire et des innovations en perspective dans le cadre du programme Pnasi. Lire l’essentiel ci-dessous.

Guy Adoua du PAM Bénin répondant aux questions de la journaliste Claire Stéphane Sacramento. Photo: Bismarck Sossa

Bonjour Monsieur Guy Adoua

Guy Adoua : Bonjour !

Vous êtes le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (Pam) au Bénin et nous sommes dans le mois de mars  dédié à l’alimentation scolaire. Que représente cette Journée africaine de l’alimentation scolaire (Jaas) pour le continent ?

Guy Adoua : Le mois de mars est généralement reconnu comme le mois de la femme. Mais qui dit la femme dit l’enfant. Qui dit l’enfant dit l’école. Et qui dit l’école dit l’alimentation. Donc il y a un lien entre tous ces événements. Je dirai que l’alimentation scolaire à tout son sens parce qu’il y à quatre ans, les chefs d’États d’Afrique ont décidé d’instituer cette journée de l’alimentation scolaire en Afrique surtout pour donner un sens à l’alimentation scolaire; pour s’assurer que les enfants qui constituent notre futur ont tout ce qu’il faut dès leur jeune âge, dès l’instant qu’ils vont à l’école pour pouvoir se ressourcer et être de véritable génération qui remplacera les générations actuelles. C’est dans ce sens qu’on a pensé que l’alimentation était l’un des éléments à prendre en compte pour s’assurer que ces enfants seront en train de bien se préparer à leur future responsabilité.

Quel était le constat qui a conduit à l’instauration d’une journée africaine de l’alimentation scolaire ?

Vous savez au moment des OMD, on a eu à faire un peu comme un état des lieux. La plupart des pays n’ont pas atteint cet objectif-là du millénaire pour le développement surtout en rapport avec l’éducation pour tous. Vous vous souvenez de ce slogan ! Et l’une des raisons était qu’on n’arrivait pas à maintenir les enfants à l’école. Et si on n’arrivait pas à maintenir les enfants à l’école, il avait d’autres facteurs dont celui lié à l’alimentation. Vous  conviendrez avec moi que, quand on ne mange pas, on n’est pas concentré. Il y a certaines dépenses qu’on peut ramener à demain ou reporter au mois prochain. Par exemple, s’habiller ! On peut dire ce mois-ci je n’ai pas d’habit à acheter donc je peux attendre le mois prochain ! Mais se nourrir, on ne peut pas dire ce mois-ci je ne vais pas manger, je vais attendre le mois prochain. Donc se nourrir, c’est comme un droit mais aussi une obligation qu’il faut faire tous les jours. Mais si on mange, ce n’est pas juste pour manger. C’est pour être concentré, capable d’exercer un certain nombre d’activités. Et ici, nous parlons de l’école. Un enfant qui n’est pas concentré à l’école, un enfant qui n’a pas bien mangé, un enfant qui n’a pas pu mettre quelque chose sous la dent, à l’école il sera qu’en train de dormir. Il n’aura pas tout ce qu’il faut pour pouvoir se concentrer et donner des résultats. C’est fort de ce constat que les chefs d’États ont pensé qu’il fallait encourager les programmes d’alimentation scolaire pour assurer au moins aux enfants un repas à l’école. Un, pour l’attirer à l’école mais deux, pour qu’il soit concentré et suivre les cours dans de meilleures conditions. Voilà pourquoi, fort de cet engagement nous sommes à la 4e édition de la Journée africaine de l’alimentation scolaire.

Qu’est ce qui a évolué depuis la 1ère édition?

Ça, c’est une bonne question ! Vous allez constater que les thèmes sont restés autour de la production locale. Tout tourne autour de la production agricole locale. Ce qui a pu évoluer, c’est la prise de conscience. On observe de plus en plus d’initiatives visant à renforcer la production agricole pour pouvoir financer les programmes des  cantines scolaires. Aujourd’hui,  vous allez voir des initiatives. Des jardins autour des écoles y compris même la pisciculture pour apporter des protéines animales afin de varier ce que le Pam apporte. Le Pam a un panier qui est composé de céréales, de légumineuses, de  l’huile, le sel mais il faut aussi apporter de temps en temps des protéines animales. On même vu des initiatives allant même à développer de petits programmes d’élevage de volailles, de production des œufs autour des écoles. On a vu des initiatives de grands champs communautaires pour appuyer le programme. Ça, c’est l’évolution qu’on a pu observer.

C’était le cas quelques années en arrière ?

Il y a quatre, cinq, dix ans on n’en parlait pas. Les vivres étaient achetés mais quelques fois venaient aussi de l’extérieur ; mais de plus en plus on est en train d’encourager la production agricole locale. En faisant de cette manière, on essaie d’entrainer aussi dans le programme la communauté, les paysans, les producteurs pour faire de ce programme un véritable programme intégré. C’est à dire joindre et associé les autres couches. Et l’évolution qui a été constaté aussi c’est que, hier c’était une histoire des écoles, des enseignants, du Pam et ça se limitait là. Mais aujourd’hui, toute la communauté entière, les parents d’élèves, les associations et autres s’investissent pour produire et alimenter le programme. Ça veut dire qu’il y a une prise de conscience. Et puis, il y a un niveau de contribution de la communauté qui devient de plus en plus considérable.

Et qu’est ce qui explique le don de moto au cours de la JAAS 2019 à Toffo ?

J’ai toujours dit que notre travail, ce n’est pas ici au bureau. Au bureau, c’est juste mettre en place des stratégies qu’il faut appliquer sur le terrain. Nous avons besoin d’être beaucoup plus proche des écoles pour nous assurer que le programme fonctionne bien ; qu’il y a tout ce qu’il faut. Que les vivres sont là, qu’on prépare dans de bonnes conditions, qu’il a des fiches qui sont suivies au jour le jour. Alors, le sens de ces motos, c’est pour s’assurer de la présence de tous les acteurs sur le terrain. D’être plus proche de l’école, d’être mobile. Avec une moto on peut visiter facilement cinq, dix, quinze écoles dans la journée et s’assurer que tout se passe très bien. Donc les motos qui ont été présentées, c’est juste pour dire qu’au Pam, nous passons de 1500 écoles à plus de 3000 bientôt 4000 écoles, il faut réfléchir sur comment mettre les moyens en place pour être présent. Plus le nombre d’école est croissant, plus on doit réfléchir sur comment ne pas mettre une école de côté. Donc nous avons acheté ces motos, nous allons aussi doter ces motos à certaines structures qui nous accompagnent dans le suivi du programme sur le terrain.

Pour quel but ?

Le but c’est d’être présent sur le terrain, être mobile, être en mesure d’aller discuter avec les communautés, les parents, les élèves, les enseignants, les transporteurs pour s’assurer que tout se passe très bien. C’est ça qui est l’objectif. L’objectif, ce n’est pas tout ce qui se fait ici au bureau. C’est notre travail sur le terrain. Quand le travail sur le terrain fonctionne bien, on a toute la garantie que le programme va aller loin.

Y a-t-il d’autres projets innovants dans le cadre de ce programme ?

Beaucoup ! Nous sommes en train de développer un mécanisme de gestion des plaintes. C’est à dire on va arriver à obtenir un numéro vert qui devrait permettre aux bénéficiaires, à tout citoyen là où il se trouve, s’il remarque quelque chose en rapport avec le fonctionnement des cantines scolaires, il appelle à ce numéro et nous dit le problème. Nous on intervient rapidement. En un mot, ce que nous voulons, c’est un système de communication qui fonctionne de façon à ce que chaque fois il y a un problème, que nous intervenons. Quand vous parlez d’innovation, il y en aura beaucoup.

Parlez-nous-en ?

Je me dis que, le fait d’associer dans les prochains mois les groupements de femmes dans la production agricole, et que les vivres dans les écoles vont être achetés auprès de ces femmes est quelque chose de très bien. Quelque chose d’innovant. C’est-à-dire, au lieu d’acheter directement auprès des commerçants, on donnera aussi l’opportunité à d’autres couches vulnérables de produire et on va les encadrer de façon à ce que leurs produits soient compétitifs de point de vue quantité et qualité. Ça veut dire que le programme ira au-delà de l’éducation et va toucher d’autres couches de façon un peu indirecte. On va aussi utiliser du cash ! C’est-à-dire, ces femmes qui vendent dans les écoles vont recevoir du cash et ça va aussi leur permettre de développer d’autres activités. Là où je veux parler aussi d’innovation, on a des mécanismes de suivi qui devraient faire de sorte que, même vous, vous avez une application dans votre tablette qui vous permet d’avoir accès à des informations. Avoir de petits programmes d’élevage de volailles, de moutons, de production d’œuf autour des écoles ; ça aussi c’est des innovations. Réfléchir par exemple sur les écoles dont les communautés ne fonctionnent pas assez bien, proposer des prix, initier des échanges d’expériences entre écoles sont autant d’innovation que nous comptons faire.

Il y en a vraiment !

Il y en a plusieurs ! Nous sommes en train de réfléchir et l’avantage que nous avons ici, c’est que le gouvernement du Bénin est pleinement impliqué, engagé dans ce programme et ça, c’est une particularité. Le fait que le gouvernement est engagé, pour nous, c’est une force. Toute initiative que nous aurons à prendre nous aurons leur appui vu que les initiatives nous amènent vers des résultats, des résultats visibles et palpables. Un programme d’alimentation scolaire c’est délicat. Ce n’est pas allé donner seulement les vivres. Il faut arranger tout ce qui est logistique, s’assurer qu’il y a un plan de distribution qui prend en compte les besoins dans les écoles, que le transporteur arrive à temps et qu’il transporte les vivres quel que soit les lieux. Il doit s’assurer que les vivres arrivent à temps et là ce n’est pas la fin. Il faut que les cuisinières s’organisent aussi à bien gérer et à préparer tous les jours. Que les enfants mangent tous les jours. Il faut s’assurer de la qualité, de la quantité…C’est tout un programme et là il faut vraiment beaucoup d’innovation pour que ça fonctionne très bien. Et je suis très content que nous sommes sur la bonne voie.

Merci à vous Monsieur Guy Adoua, je rappelle que vous êtes le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial au Bénin

Guy Adoua : Je vous remercie !

Conduite : Claire Stéphane Sacramento

Transcription: Bismarck Sossa

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