Entrepreneuriat au Féminin : quid de la diaspora africaine ?

Que pourra apporter la femme à l’entrepreneuriat ?  Question de la blogueuse guinéenne Josette Niankoye. Entre projet et financement, comment les femmes peuvent-elle convaincre les investisseurs ? 

Par Josette Niankoye ( @niankoyej)


La blogueuse guinéenne Josette Niankoye . Photo: J.N

« L’entrepreneuriat n’a pas de sexe. Même si, il est indéniable que les femmes font face à des obstacles. » Sophie Chambon-Diallo, Groupe ATOS.

Réalisez-vous ! Lancez-vous ! Osez-vous !

On ne cesse de le répéter comme une litanie, les femmes sont courageuses, audacieuses, généreuses et fonceuses. Et forcement, elles ont tout pour entreprendre et réussir. Un vent d’optimisme qui soufflait lors de l’évènement organisé par Africa France « Entrepreneuriat et Leadership Féminin en Afrique et en France » auquel j’ai assisté vendredi dernier.

Des ateliers sur les modes de financement de projets, à la manière de convaincre les investisseurs, l’idée était d’encourager les femmes de la diaspora à se lancer dans l’entrepreneuriat. Plus d’une centaine de femmes étaient présentes. Certaines avaient une idée ou un projet d’entreprise alors que d’autres, avaient une startup déjà créée. Mais, elles se heurtaient toutes à l’épineuse question du financement.

Where is money ? Le point qui fâche !

Financer son projet autrement que par ses fonds propres, tel était le point focal de l’évènement #AfricaFranceFemmes. La croissance africaine ne fait plus recette et le micro-crédit n’a pas eu l’effet escompté. N’en parlons pas du faible taux de de bancarisation. Exit également, la finance souterraine qui a longtemps été un palliatif pour les petites entreprises. Comment alors obtenir un financement pour un projet tourné vers le continent ? Tontines ? Fonds d’investissements ? Bailleurs de fonds ? Crowdfunding ?

Les solutions sont dans la digitalisation !

Le digital ! susurre-t-on. Notamment le Crowdfunding ou financement participatif. Plus qu’un formidable levier d’émancipation de la femme africaine, le digital serait également un vecteur puissant de financement. Cependant, quelle plateforme de crowdfunding par dons pour financer un projet de la diaspora ? Kisskissbankbank, Ulule…La solution ne serait-elle pas de créer une plateforme de Crowdfunding 100% africain. Difficile ! Sachant que l’Afrique, c’est 54 pays donc 54 règlementations différentes en matière de Crowdfunding.

Quel cadre législatif serait alors adopté pour une telle plateforme ? Une question restée en suspens à la restitution des ateliers. Toutefois, en attendant, les porteurs de projets entrepreneuriaux de la diaspora peuvent se diriger vers les plateformes telles que DiasporaSphere.com, Kwendoo.com ou Fiatope.com.

Excuse-me Pitch : l’art de convaincre les investisseurs ?

Les femmes de la diaspora souffrent des 3C insistent Suzanne Bellnoun, fondatrice de l’OFAD . Tout d’abord, la Capacité d’entreprendre, ensuite la Confiance en soi pour oser et enfin le Capital, le nerf de guerre. Si trouver des fonds via les plateformes de Crowdfunding se révèle difficile, la porteuse de projet pourra alors solliciter les investisseurs. Business Angels, Banques ou investisseurs locaux ? D’ailleurs, peut-on parler de Business Angels en Afrique ? argue ironiquement une participante.

Ces femmes et hommes qui investissent leurs fonds propres dans des projets entrepreneuriaux où peut-on les trouver ? Pour elle, les pays africains manquent cruellement d’un “Business Ecosystem”. L’absence d’incubateur, d’accélérateur, de pépinières et de couveuses dans nos pays limite les possibilités pour les femmes d’entreprendre.

Par ailleurs, convaincre un investisseur en Afrique n’est pas une sinécure. Pour Aurélie Ganga, experte en stratégie médias : “on aura beau formaliser le projet, l’idéal serait d’avoir un mentor et être capable de vendre le projet, de le pitcher devant les investisseurs.” Son conseil aux jeunes femmes de la diaspora qui souhaiteraient créer leur business en Afrique :

Ne surtout pas tordre le cou aux réalités africaines. Il faut savoir intégrer ces codes pour convaincre les investisseurs locaux.

Avoir un rôle-modèle est-il nécessaire pour entreprendre au féminin ?

Oui ! affirme sereinement Deza Nguembock, fondatrice de E&H Lab. Il est important d’avoir un influenceur. Pour d’autres participantes, il n’est pas nécessaire d’avoir un rôle-modèle pour se lancer. Ne vouloir ressembler à personne et ne faire comme personne est aussi une philosophie à la Steve Jobs. L’important c’est d’avoir le courage de suivre son cœur et son intuition, ils savent où vous voulez réellement aller.

Finalement, être entrepreneur (e) c’est quoi ?

“C’est avant tout un choix de vie plus que le fruit d’une ambition démesurée”. Julien Callède, fondateur de Made.com.

L’entrepreneur (e) se doit d’être visionnaire. Cela ne consiste pas à prévoir soi au sens de Jacques Attali, mais à se projeter. Évaluer, tester son idée, savoir si ça vaut la peine de se lancer. Et surtout appréhender son droit à l’erreur cette capacité d’essayer, de se tromper et d’apprendre insiste fortement Caroline Bloch de Microsoft France lors du #WomenThinkNext. Parce que c’est aussi ça l’entrepreneuriat, réussir ou échouer puis se relever. Le plus important c’est de croire en soi. Savoir rompre sa solitude et s’entourer de bonnes personnes. C’est certes compliqué mais ce n’est pas difficile.

Je finirais ce billet par cette réflexion signée Suzanne Bellnoun que je plussoie mais totalement. Le moment est certes opportun pour que les femmes africaines se réalisent. En revanche, elles doivent se questionner sur une seule chose : “que peuvent-elles apporter à l’entrepreneuriat ?”.

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