Alimentation scolaire au Bénin : une opportunité d’investissement dans l’éducation des enfants et de soutien à l’agriculture locale

D’après une étude du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), un dollar investi dans l’alimentation scolaire donne un gain de trois dollars. Pour l’organisation, les programmes d’alimentation scolaire peuvent servir de moteur pour une amélioration économique et social dans la sous région ouest-africaine.
Des écoliers prennent leurs repas à l’Epp Lanhonnou (Toffo). Photo Bismarck Sossa

Au Bénin, le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) initié par le gouvernement s’inscrit dans ce contexte d’investir dans le capital humain. Si en priorité l’alimentation scolaire a été identifiée comme une des mesures essentielles visant à promouvoir la scolarisation des enfants et leur maintien dans le système éducatif, le programme PNASI va au-delà d’une simple offre de repas par le biais des cantines scolaires.

Sur les 7360 écoles primaires publiques au Bénin, 2640 bénéficient de cantines scolaires dont 1579 cantines appuyées par le Gouvernement à travers le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI). L’ensemble des quatre programmes de cantines scolaires développés au Bénin (Gouvernement, PAM, CRS, PME) couvre 30% des écoliers.

En suivant la voie tracée en janvier 2016 par les Chefs d’Etat et de gouvernement africain lors de la 26ème session de l’Union Africaine à Addis Abeba, le gouvernement s’engage à passer du taux de couverture nationale des cantines scolaires qui est de 30% à 51% d’ici 2021. Ainsi, le 20 juillet 2017, un accord de partenariat est signé avec le PAM pour la gestion des cantines du gouvernement.

Depuis la rentrée scolaire de septembre 2017, le PNASI est mis en œuvre avec l’instauration des cantines scolaires gouvernementales pour garantir une meilleure rétention des enfants, en particuliers les filles à l’école. Sa mise en œuvre favorise des investissements dans les enfants en impactant leur éducation, améliorant leur nutrition mais aussi créant des activités génératrices de revenus pour les communautés autour des écoles cibles.

Un enfant lave les mains avant son repas à Toffo. Photo: Bismarck Sossa

Accroître la scolarisation et le maintien des enfants à l’école par l’alimentation scolaire

Selon l’Enquête modulaire intégrée sur les conditions de vie des ménages (Emicov 2015) environ 66% des écoliers parviennent à poursuivre leurs études jusqu’à la fin du cycle primaire. «Le système souffre donc d’un problème de rétention à tous les niveaux» souligne le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané. En 2015, le taux brut d’accès au Cours d’initiation (CI) était de 141% tandis que celui du Cours moyen 2 (CM2) était seulement de 74%.

En effet, face aux conditions de vie précaire des ménages et le niveau de pauvreté en milieu rural (la proportion de personnes pauvres en milieu rural était de 43,6 % selon EMICoV 2015), beaucoup de parents ne réussissent pas à subvenir aux besoins alimentaires de leurs enfants scolarisés. Parfois, les enfants ratent les classes dans l’espoir de manger à la maison. Dans nombre de cas, ils finissent par abandonner l’école pour travailler avec leurs parents au champ, à l’atelier ou au marché dans le cas des filles.

Ces situations portent un coup aux efforts du gouvernement d’assurer une éducation primaire pour tous. « Comprenez avec moi qu’il est difficile pour le gouvernement du Bénin de rester insensible à la faim, la précarité alimentaire et la malnutrition qui constituent un des aspects qui handicapent la réussite scolaire » confie le ministre Karimou Salimane qui salut la vision de l’Union Africaine qui permet de renforcer le plaidoyer en faveur de l’alimentation scolaire gage d’une appropriation continentale nécessaire pour un engagement au plus haut niveau.

Le Ministre des Enseignements Maternel et Primaire Karimou Salimane (2e position de la gauche) visite les enfants de l’EPP Hounli le 13 mars 2018. A l’extrême droite Guy Adoua du PAM Bénin. Photo: Makéba Tchibozo

Dans son Programme d’action 2016-2021, le gouvernement s’est donné pour ambition d’améliorer les performances du système éducatif. Dans le domaine de l’enseignement maternel et primaire, des objectifs ont été fixés. Entre autres,  la prise de mesures adéquates pour assurer l’équité et le maintien des enfants à l’école par :

  • la réduction des disparités géographiques et de genre,
  • l’amélioration de l’efficacité interne (réduction des redoublements et des abandons)
  • l’amélioration du taux de couverture des besoins d’alimentation scolaire à 51% d’ici 2021 contre 29% en 2016

La dernière mesure devrait concourir à accroître la scolarisation des enfants dans les zones à forte déperdition scolaire mais surtout favoriser le maintien des enfants, en particulier les filles à l’école durant toute l’année scolaire. Depuis la rentrée, 320000 enfants ont la possibilité d’avoir un repas chaud par le biais des cantines scolaires à l’école. Le gouvernement entend investir sept milliards de francs CFA chaque année pour assurer ce besoin aux enfants dans les écoles couvertes par le programme.

Pour Guy Adoua, le représentant du PAM au Bénin, « investir dans l’alimentation scolaire, c’est investir pour les enfants et pour le futur du pays ». Pour étayer ses propos, il explique que « les cantines scolaires favorisent l’accès à l’éducation par l’amélioration des taux de scolarisation, d’assiduité et d’achèvement des études en encourageant les ménages pauvres à envoyer leurs enfants à l’école. Elles contribuent ainsi à remédier aux disparités dans l’accès à l’éducation ».

Un repas scolaire…des bénéfices nutritionnels pour les enfants et des parents soulagés

Au-delà du simple repas offert aux enfants à l’école, les divers programmes d’alimentation scolaire constituent un investissement pour le bien être et la santé des enfants. Dans les communautés, cela est reconnu comme tel. Dans la commune d’Akpro-Missérété, le maire Michel Bahou reconnait qu’ «…investir dans les repas à l’école, c’est aussi et surtout éviter aux enfants les maladies de la nutrition telles que, le marasme, la kwashiorkor, l’avitaminose ».

Dans cette commune située à 50 Km de Cotonou, se trouve l’école primaire publique de Hounli, une des six écoles bénéficiant des cantines scolaires du gouvernement. Les enfants ont l’opportunité de prendre à l’école divers repas préparés à base de produits vivriers locaux. « Pour les enfants bénéficiaires, un repas aussi équilibré était rare » a confié le maire Michel Bahou.

Dans ce village, la participation de l’école dans le repas journalier des enfants est un soulagement pour les parents. « La sous-alimentation chez les écoliers et écolières, le déplacement à risque à la recherche du déjeuner et la déscolarisation massive des enfants, surtout des petites filles, sont autant de problèmes qui trouvent leurs solutions dans l’alimentation scolaire » s’est réjoui le président de l’association des parents d’élèves de l’Epp Hounli. Mieux, « les repas scolaires renforcent les régimes alimentaires des écoliers et contribuent à la réduction des carences nutritionnelles lorsqu’ils contiennent suffisamment de micronutriments et sont accompagnés d’une éducation à la nutrition ainsi que des mesures d’hygiène et des activités de déparasitage » soutient Guy Adoua du PAM.

Au delà des repas…des opportunités pour les communautés et le développement de la production locale

Au cours de l’Examen stratégique national « Faim Zéro » à Cotonou en janvier 2018, le Représentant résident du PAM au Bénin Guy Adoua avait expliqué que « les programmes d’alimentation scolaire favorisent le développement de l’agriculture locale car ils représentent une demande structurée et prévisible de vivres permettant la création de marchés de produits agricoles profitables aux petits exploitants et favorisant un développement économique local durable ». Relevant les opportunités qui se dégagent pour les communautés des zones où sont installées les cantines scolaires, il souligne ce que le programme PNASI peut apporter aux associations de femmes et de jeunes sur le plan de l’entrepreneuriat et de la création d’emploi. « On peut renforcer leurs capacités pour qu’ils puissent produire des vivres de qualité et qui sont compétitifs sur le marché, offrir des chances de formations pour l’encadrement des femmes et pour les communautés » a expliqué l’expert.

Plus de 10,000 tonnes de vivres sont distribuées chaque année scolaire pour impacter 320,000 écoliers. La majorité des produits livrés aux écoles sont achetés sur le marché local en l’occurrence le maïs, le riz et le haricot. Bien que l’approvisionnement des écoles sur la base de la production locale et d’achats auprès des petits producteurs demeure un défi à relever, « les cantines scolaires permettront au-delà des repas, de stimuler le développement économique du Bénin en créant un lien entre l’alimentation scolaire et la production locale » affirme Guy Adoua.

« Investir dans le développement humain est à la fois juste et intelligent » disait Sophie Naudeau, leader du programme de développement humain de la Banque mondiale pour le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Cap Vert. Le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) en œuvre au Bénin favorise le développement du capital humain car il représente un investissement qui impacte l’éducation des enfants, la nutrition, la santé, l’agriculture et l’économie locale. En tant que filet de protection sociale, il contribue à l’atteinte des Objectifs de développement durable notamment les ODD 2 (Faim Zéro) et ODD 4 (Education de qualité).


 
NOTE
Il existe au Bénin quatre programmes de cantines scolaires.

  • Gouvernement : 1579 cantines
  • Programme Alimentaire Mondial (PAM): 620
  • Catholic Relief Services (CRS) : 144
  • Partenariat mondial pour l’éducation (PME): 297

Source : Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP)

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1 réponse

  1. 5 juillet 2018

    […] 1600 écoles supplémentaires seront impactées dès la rentrée scolaire de septembre 2018 par le programme des cantines scolaires du gouvernement du Bénin. Un programme qui une opportunité d’investissement dans l’éducation des enfants et de soutien à l’agriculture loc…. […]

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